Lens, hier et maintenant (2)
Une seconde série du centre-ville, plus exactement le secteur de la rue et des carrefours Bollaert et des Grands Bureaux.
La fosse 15 des mines de Lens, un puits chargé d’histoires
La fosse no 15 de la Société des Mines de Lens ne se situe pas à Lens mais sur le territoire de Loos-en-Gohelle, un bourg au nord de Lens. La fosse est appelée fosse Saint-Maurice en l’honneur de Maurice Tilloy, un des administrateurs fondateurs de la Compagnie.
C’est donc près du village de Loos (qui ne s’appellera Loos-en-Gohelle qu’en 1937) que commence le forage du puits 15 en 1905 et les premiers mineurs descendent dans les galeries deux ans plus tard. Cas unique dans la société, la fosse 15 est composée de deux puits et donc de deux chevalets. L’un de ces puits atteint 297 mètres de profondeur et l’autre 527 mètres. Elle est d’ailleurs officiellement appelée fosse 15-15 bis. À l’époque, c’est la plus moderne de toutes les fosses des compagnies minières du Nord et du Pas-de-Calais.
Les installations au sol sont construites sur une butte de remblai d’une hauteur de 22 mètres. Elle est reliée à la fosse 12 par une voie ferrée.
Au pied des chevalets est construite une cité avec les célèbres corons entourés de jardins bien entretenus.
Durant la première guerre mondiale, la fosse 15 se situe en plein sur la ligne de front, près de la célèbre côte 70. C’est à ses pieds qu’a lieu la ‘bataille de Loos’ en septembre 1915. Point de repère des soldats britanniques, ils surnomment la structure «Tower Bridge» en raison de sa ressemblance avec le célèbre pont de Londres.
La bataille de Loos constitue le volet britannique de la grande attaque alliée en Artois lancée par le général Joffre (qui ne sera maréchal que l’année suivante) simultanément avec l’offensive française principale en Champagne.
C’est le général John French (qui s’est déjà fait remarquer pour avoir refusé de collaborer avec les troupes françaises) qui commande les troupes britanniques.
Le 25 septembre, les anglais font une percée dans les défenses allemandes bien que les bombardements qui devaient amoindrir les troupes allemandes aient été de faible intensité à cause d’une insuffisance de l’approvisionnement en obus.
Six divisions participent au combat. Avant l’assaut d’infanterie, les Britanniques envoient 140 tonnes de gaz au chlore (plus connu sous le nom de gaz moutarde) en complément d’un barrage d’artillerie jugé insuffisant. C’est la première fois qu’ils utilisent cette arme chimique. Mais le vent tourne et renvoie les gaz vers les tranchées anglaises : il n’y a que sept morts mais plus de 2 600 hommes ont été touchés et mis hors de combat. Les Allemands ne compteront que 600 hommes ‘gazés’.
75 000 fantassins britanniques s’élancent des tranchées. Une gamine de Loos, Émilienne Moreau, âgée de 17 ans, va à leur rencontre et leur donne des informations sur les positions ennemies leur permettant de les prendre à revers et de reprendre Loos. On lui donnera le surnom d’héroïne de la fosse 15 ou d’héroïne de Loos.
Les combats ont lieu au corps à corps dans les rues de Loos. Calfeutrés dans leur cave, les Loossois apprennent que les alliés ont remporté le village, le terril et les puits de la fosse 15.
Cependant la progression doit être stoppée, faute de munitions et en raison de l’arrivée tardive des renforts. Les allemands reçoivent les leurs et reprennent dès le lendemain la côte 70. Les anglais ne pourront pas entrer dans Lens lors de cette bataille et le 28 septembre devront même se replier sur leurs positions initiales, comptant dans leurs rangs au moins 15 800 morts et 34 580 blessés.
Loos en Gohelle continuera à subir les conséquences de ce conflit. En 1916, le village est quasiment rasé. Il ne sera libéré qu’en août 1917 par l’armée canadienne.
De ces conflits, il reste aujourd’hui à Loos en Gohelle deux cimetières militaires. L’un, appelé ‘Loos British Cemetery’ a été ouvert par les corps canadien en avril 1917. 2850 soldats, en majorité des britanniques tués lors de la bataille de Loos, y reposent aujourd’hui.
L’autre, le cimetière du Dud Corner rassemble environ 1 800 soldats tombés lors de la bataille de Loos. Autour du cimetière, un mémorial rend hommage aux 20 000 combattants disparus lors de cette même bataille.
Après cette bataille, les allemands ont eu le temps d’anéantir la fosse 15 comme les autres puits de la compagnie. Les galeries sont inondées, les berlines jetées dans les puits, les échelles et les guides des cages sont arrachés et les chevalets détruits.
La fosse est reconstruite dès la fin du conflit. Ses chevalets métalliques sont érigés dans le style particulier des mines de Lens d’après-guerre. Les mineurs peuvent de nouveau descendre au fond dès 1922.
Le 1er octobre 1937, la fosse 15 est rattachée à la fosse no 12 et cesse d’extraire. Elle n’assure plus que le service du personnel et l’aérage. Pourtant, bien après la seconde guerre, la fosse 15 et son «Tower Bridge» font toujours partie du paysage de Loos-en-Gohelle….
… à tel point qu’ils figurent en bonne place sur les cartes postales de l’époque.
Après la seconde guerre mondiale, des prisonniers allemands sont affectés au fond comme mineurs. Le 21 décembre 1945, l’ingénieur Augustin Viseux et un porion ramènent 3 trois rescapés d’une taille qui s’est effondrée à 432 mètres à la fosse 15. Le bilan est lourd, 9 ouvriers prisonniers allemands ont été écrasés par l’éboulement de cette taille.
Le puits 15 ferme définitivement en 1959 et est comblé en 1962, le puits 15 bis ne l’est que dix ans plus tard, il a entretemps servi à l’entrée d’air pour la fosse 12 puis pour la fosse 11/19. Pendant plusieurs années, les installations sont laissées à l’abandon et le site devient vite une triste friche industrielle.
Les installations de surface, dont les chevalements, sont détruites en 1976.
L’histoire de la fosse 15 se termine ainsi. Le site minier a laissé place à de nombreux équipements pour la ville : parc, collège, école, salle des fêtes. Les logements miniers ont laissé place à un habitat locatif individuel.
Aujourd’hui, de ces puits, il ne reste que des sépultures en lieu et place de l’entrée des galeries.
Mais la fosse 15 des mines de Lens continuera à exister grâce au travail formidable de l’artiste Claude Dryburgh, lui-même ancien mineur qui en a réalisé une maquette faite d’allumettes.
Quelques manifestations à voir
Quelques manifestations ou expositions commémoratives à voir en cette fin d’année. Si vous en connaissez d’autres que vous voulez faire paraître sur ce blog, envoyez une copie de l’affiche par mail à : lensois.normand@sfr.fr
La mine-image de Lens
Le 17 mai 1945, les Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais sont créées suite à la nationalisation des compagnies minières.
Aussitôt, le groupe de Lens décide d’ouvrir un centre professionnel pour former les galibots de 14 à 18 ans. Cette formation, appelée ‘de premier degré’ est un passage obligé à l’aube d’une carrière de mineurs de fond.
D’autres cours sont donnés : le second degré pour les élèves-mineurs de 18 à 21 ans et le troisième degré pour les élèves-porions et les ouvriers de 21 à 25 ans.
C’est sur un terrain longeant la route de Béthune qu’est installé ce centre, près de la fosse 12 bis.
Un centre de formation doit obligatoirement être équipé d’une ‘mine-image’ qui est la reconstitution grandeur nature d’une véritable galerie de mine dans laquelle le stagiaire trouve les conditions et le matériel qu’il rencontrera au fond lorsqu’il sera en poste.
Où faire cette mine-image ? Un abri aménagé pour protéger la population lors des bombardements de Lens lors de la seconde guerre est proche du centre. Il est utilisé et aménagé pour servir de galerie de formation.
L’entrée de l’abri en 1945
Les galibots peuvent donc exécuter les gestes du métier de mineur dans les conditions réelles ; seul l’abattage n’est pas enseigné car cette partie du travail du mineur est interdite aux ouvriers de moins de 18 ans.
Les appareils électriques leur sont décrits mais ils n’auront pas non-plus l’autorisation de les manipuler au fond.
A l’origine, la mine-image est un long ‘tuyau’ étroit de 250 mètres taillé dans la craie. On y accède par trois plans inclinés qui avaient servis d’accès à l’abri.
La sortie qui donnait sur la route de Béthune sert à l’aération, une autre donnant sur le Chemin Perdu était réservé à la descente du matériel.
Le centre ouvre ses portes le 14 mai 1946 mais ce n’est qu’en 1947 que la mine-image est utilisée. On y trouve deux tailles de 60 mètres, plusieurs centaines de mètres de voie ferrée, 12 salles d’apprentissage bétonnées réservées à la formation au boisage, au cadrage, etc …
Quelques exemples de formation dans la mine-image :
La conduite de treuil
Un convoyeur blindé
Le relevage d’une berline déraillée
La mine-image ne cesse de s’améliorer grâce au travail des mineurs eux-mêmes : un beurtiat (puits intérieur dans la mine) est creusé. Les installations électriques sont complétées, on installe un poste de transformation.
On descend aussi dans la mine-image des appareils modernes tels que des chargeuses, des bandes transporteuses, des compresseurs de quartier, des haveuses …
On y trouve même une lampisterie où le galibot doit se munir de sa lampe avant d’utiliser la cage pour descendre dans la galerie.
La formation aux premiers secours est également dispensée avec l’utilisation des extincteurs.
C’est Madame Auriol, épouse du Président de la République d’alors, qui vient inaugurer le centre d’apprentissage et la mine-image en 1952.
Une tradition voulait que pendant longtemps les élèves des écoles primaires de Lens effectuent une visite du centre et une descente dans la mine-image, sans doute pour tenter de susciter parmi eux des vocations de mineur.
Le centre et la mine-image fonctionneront plus de 35 ans avant d’être fermés définitivement le 31 août 1985. Le site a alors servi à construire l’IUT.
1955 : Ouverture du nouveau collège Condorcet
Avant la première guerre mondiale la ville de Lens possédait au centre ville deux écoles d’enseignement supérieur : Condorcet pour les garçons et Campan pour les filles. Elles encadraient l’Institut Michelet sur le boulevard des Écoles.
Pendant la première guerre mondiale, les locaux des écoles n’échappèrent pas au désastre et furent transformés en ruines.
Aussitôt la ville libérée, la reconstruction des bâtiments scolaires fut l’une des priorités de la municipalité d’Emile Basly. Dès 1922, la nouvelle école Condorcet ouvrait ses portes, étalant son imposante façade sur le boulevard. L’école Campan donnait alors sur la rue Romuald Pruvost.
La ville consacra 1,6 millions de francs de l’époque à la reconstruction de ces deux établissements.
Condorcet abritait, en plus de ses classes d’enseignement supérieur, l’École Enseignement Primaire Supérieur Professionnel (EPS). Quelques années plus tard des ateliers et des classes d’EPS furent construits à part. L’école Condorcet est alors agrandie pour recevoir 600 élèves en 1932.
En 1945, les écoles Condorcet et Campan deviennent les Collèges Condorcet et Campan.
Dès la Libération, Auguste Lecœur, élu maire communiste de Lens, écrit : ‘’Le collège Condorcet est nettement insuffisant compte tenu de la population et du rayonnement de notre ville. Nous entendons poursuivre activement la réalisation du projet de construction du collège dont les études ont déjà été entreprises’’.
En 1948, le Docteur Ernest Schaffner succède à Lecœur dans le fauteuil de premier magistrat. Il reprend ce projet.
En 1953, le bulletin municipal annonce : ‘’La municipalité d’Ernest Schaffner, jugeant les locaux du collège Condorcet trop exigus pour absorber les enfants de la population de Lens et des environs décide de construire un nouveau collège’’.
Les travaux commencent en mai 1955 sur des terrains d’une surface totale de près de 2,7 hectares achetés par la ville dans le secteur du Marais, à l’extrémité de l’Avenue Raoul Briquet. Un plan d’ensemble du secteur est présenté à la population.
En septembre 1955, le nouveau collège Condorcet accueille ses premiers élèves. Seul le bâtiment A est ouvert, les autres seront fonctionnels pour la rentrée suivante.
A terme, il comportera six bâtiments renfermant des classes, un secrétariat, une cantine, un cabinet médical, des logements et un gymnase attenant à un terrain de sport en plein air.
L’entrée principale des élèves se situe au rond point de l’avenue Raoul Briquet face à la caserne des pompiers. Une autre est ouverte vers le parking de la rue Delots où les élèves rejoignent les bus de ramassage.
Le bâtiment A, du côté de l’avenue Raoul Briquet comporte sur ses 82 mètres 12 classes réparties sur trois étages. Il est entièrement occupé dès la rentrée de 1955.
Perpendiculaire au premier, le bâtiment B (rue Etienne Dolet) est long de 48 mètres et comprend l’entrée des services: administration (bureau du Principal, de l’économe, secrétariat), la salle du Conseil et la bibliothèque. A l’étage, on trouve des logements pour les enseignants. Devant ce bâtiment est aménagé un parking.
Le bâtiment C est parallèle au premier, ses 95 mètres abritent les classes spécialisées (physique, chimie) et l’enseignement ménager. Il est ouvert en septembre 1956. Ces trois constructions encadrent une cour de 4500 m2.
Le bâtiment D se situe au centre du complexe, il ne fait que 57 mètres et abrite 16 classes destinées à l’enseignement du second cycle et donne d’un côté sur une seconde cour de 1500 m2.
De l’autre coté se trouve le bâtiment E renfermant une cantine prévue pour 1000 repas journaliers et un cabinet médical. Dans son sous-sol se trouvent la chaufferie et … un garage à vélos de 50 m2.
Le bâtiment H, rue du 14 juillet abrite les logements du personnel de l’établissement.
A ses côtés se trouve le gymnase de 800 m2 comprenant tous le nécessaire pour les sports d’intérieur (agrès de gymnastique, terrains de basket, hand-ball, volley et tennis) ainsi que des vestiaires individuels et collectifs avec douches.
Entre le gymnase et le bâtiment D se trouve un terrain de sport de plein air en terre battue (il sera bitumé quelques années plus tard) avec piste d’athlétisme.
Afin que les jeunes gens du bassin minier poursuivent leurs études dans un cadre agréable, la municipalité agrémente le collège : pelouses, arbres, fleurs ….
Sans oublier le jet d’eau sur le rond point face à l’entrée où les élèves aiment se détendre en attendant la reprise des cours.
Une fois terminé, ce collège accueille pour la rentrée scolaire 1956, près de 2000 élèves.
Dès lors, Ernest Schaffner demande avec insistance au gouvernement de nationaliser Condorcet afin d’en faire un lycée. Cette requête aboutit et, lors d’un voyage dans le Nord-Pas de Calais en 1959, le Général De Gaulle inaugure à Lens le tout nouveau Lycée Condorcet.
Une anecdote est restée dans beaucoup de mémoire des jeunes lensois de l’époque. Désirant saluer les élèves présents dans la cour du lycée, le Général De Gaulle a voulu se pencher par une fenêtre qu’il croyait ouverte (ce qui prouve que le ménage avait été fait avec grande aaplication). Il heurta la vitre et une légère entaille au front nécessita quelques soins et un pansement.
Quelques célébrités sont passées par le Lycée Condorcet. Parmi elles, on peut citer : Daniel Percheron, Président de la Région Nord-Pas de Calais, Jean Claude Mailly, Secrétaire Général du syndicat FO, Philippe Lefait, journaliste à France Télévision, Michel Grailler, pianiste de jazz, Jacques Secrétin, champion d’Europe de tennis de table et les footballeurs du RCL dans le cadre de la formation ‘Sport-Etudes’ : Jean Guy Wallemme ou Philippe Vercruysse.
Lens, le 4 octobre 1914
Aujourd’hui, nous sommes à Lens le dimanche 4 octobre … 1914.
Depuis début août la guerre est déclarée, la ville et les puits de la Société des Mines tournent au ralenti depuis le départ des nombreux mineurs mobilisés. Les allemands sont aux portes de Lens. Certes, nous en avons déjà vu depuis le début de la guerre : d’abord ce jeune officier arrogant venus avec quelques complices début septembre pour menacer et voler les lensois et les lensoises. Puis ces mouvements de troupes, ces officiers envahissant l’ambulance installée dans l’école Condorcet pour y faire prisonniers les soldats français blessés.
Nous avons vu passer aussi dans notre ville ces malheureux réfugiés fuyant Douai et ses environs. Ils prennent la direction de Saint Pol sur Ternoise où ils pensent être en sécurité. Ces jours derniers, ils sont de plus en plus nombreux. Ils font une halte devant la mairie où Emile Basly, notre maire, leur donne un peu de nourriture avant qu’ils ne reprennent la route.
Depuis hier, d’autres groupes qui veulent fuir l’ennemi viennent de communes voisines : Sallaumines, Méricourt, Harnes ou Loison. Les évènements qu’ils nous relatent incitent aussi beaucoup de lensois à prendre le chemin de l’exode. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 16 000 en ville contre 35 000 il y a encore un mois.
Les troupes allemandes qui ont traversé Lens nous ont laissé une mauvaise impression et nous font craindre le pire en cas d’invasion. Il y a quelques jours, nous avons repris espoir en voyant arriver un régiment de goumiers nord-africains. Mais ils sont repartis avant-hier en nous promettant toutefois de revenir bientôt.
Nous avons peur. La ville est isolée : aucun train ne circule, la navigation est interdite sur le canal, la poste ne fonctionne plus. Comme il n’y a plus de journaux il nous est impossible d’obtenir des nouvelles des combats dans la région.
Aurons-nous encore du pain pour longtemps ? Nous avons appris que les frères Deligne, les derniers meuniers de Lens, se sont enfuis hier emportant des pièces de leur moulin à gaz afin de l’empêcher de fonctionner.
Hier dans la journée, un escadron de dragons est arrivé et s’est dirigé vers Loison en prenant position à la sortie de Lens sur la route de Lille et dans le quartier du Marais. Cette nuit, une compagnie de chasseurs à pied cyclistes est entrée en ville. Les soldats ont se sont postés entre le pont de Douai et la gare, le long du canal. Ils veulent, nous a-t-on dit, reprendre le cimetière où se trouve des troupes allemandes.
Ce matin peu avant la messe de 6 heures, nous avons entendu les premiers tirs d’artillerie du côté du pont de Douai et vers Loison. Les allemands avançaient vers le canal. Quelques groupes tentaient de le traverser en barque mais étaient encore repoussés par nos soldats qui utilisaient les wagons des mines comme abri. La fosse 5 vers Avion était déjà occupée par l’ennemi.
A 6 heures, les cloches de l’église Saint-Leger ont sonné pour annoncer la messe. Peu de lensois s’y sont rendus. Le chanoine Occre a d’ailleurs aussitôt renvoyé ses fidèles et leurs a conseillé de rester chez eux. Les seuls qui osèrent sortir ne le firent que pour fuir vers Saint Pol sur Ternoise. Pourtant, on raconte que quelques lensois intrépides seraient montés au sommet du clocher de l’église St Léger pour assister aux combats.
Cette bataille faisait rage le long du canal. Nous avons appris que Madame Julia Olivier, qui habite le chemin du Halage a été la première lensoise à périr sous les tirs allemands.
Dans la matinée, les soldats de l’escadron de dragons se replièrent dans la cité du Vieux Condé, près de la fosse 2. L’ordre leur a été donné de se regrouper avec les chasseurs sur la place de la République. Les premiers soldats allemands ont alors réussi à traverser le canal.
Vers 11h00, les troupes françaises reçurent l’ordre de se replier vers Liévin et les collines de Lorette. L’un des dragons, Henri Fernand, originaire de Blois n’en eut pas le temps, il a été abattu sur la place de la Gare. Il est le premier soldat français mort à Lens. A midi, toutes les troupes françaises avaient abandonné la ville nous laissant à la merci des envahisseurs.
Pourtant les allemands continuèrent à pilonner la place de la République faisant une deuxième victime civile, Monsieur Brutsaert. A la fin de la journée, on comptera 6 victimes civiles lensoises. Les habitants se sont terré dans les caves. On a vu des maisons en flamme dans le quartier de l’Abattoir.
Dans l’après midi, on constata une légère accalmie. Il n’y avait plus aucun soldat français en ville. Des troupes allemandes se sont positionnées au pont de Douai, dans le quartier du Marais et sur la route d’Avion. Elles attendaient l’ordre d’entrer en ville. De nombreux lensois profitèrent de ce répits pour entasser ce qu’ils pouvaient sur des chariots de fortune qu’ils attelèrent rapidement pour fuir la ville.
Monsieur Thellier de Poncheville est allé à Sallaumines où il tient une brasserie. Il a aussitôt été intercepté par un colonel ennemi qui l’a promptement renvoyé à Lens afin de remettre à Emile Basly l’ordre de se présenter rapidement au quartier militaire allemand.
Le maire est arrivé à Sallaumines à 4 heures. Il a immédiatement été fait prisonnier; l’officier allemand le rendant responsable du fait que des civils lensois auraient tiré sur des soldats de l’armée germanique et seraient montés dans le clocher de l’église.
Il a ordonné à Basly de parapher deux messages pour la population que Thellier de Poncheville a apportés à Lens et fait afficher à la mairie. Le premier concerne l’interdiction faite à la population de pénétrer dans l’église, le second menace les lensois des pires répressions en cas de manifestations.
C’est après avoir obtenu l’assurance qu’aucun soldat français ne restait dans la ville que, vers cinq heures du soir, le commandant des forces allemandes donna l’ordre à ses troupes d’entrer dans Lens.
Toute la soirée, les lensois assistèrent au défilé de militaires ennemis. Par groupe, les soldats du Reich se rendirent dans les écoles et autres bâtiments publics ou privés afin d’y installer leur bivouac. Les officiers choisirent les plus belles maisons de Lens comme logement, exigeant de l’habitant gite et repas bien arrosé. D’autres se sont rendus à l’hôtel des Voyageurs et ont exigé de se faire servir un copieux repas.
Pendant ce temps, du côté de la cité de la fosse 11, le médecin-chef de l’hôpital des mines évacuait vers Arras dans un train de marchandises quarante-huit militaires français gravement blessés afin de les soutirer à l’ennemi.
Vers neuf heures, dans la nuit, on a pu distinguer un convoi de civils encadrés de militaires venant de Sallaumines, longer le canal et prendre la route d’Arras. Parmi ces civils se trouvait Emile Basly.
On ne sait aujourd’hui combien de temps durera cette occupation : des jours, des semaines, des mois ? Mais on imagine qu’elle sera pénible et difficile à vivre pour les lensois. Ce que nous ont rapporté les réfugiés des communes voisines nous font craindre le pire. Ils définissaient les soldats allemands d’ivrognes rustres, arrogants, tyranniques, voleurs et même violeurs …
Michel Dransart, 50 ans au fond de la mine
Nous sommes en décembre 1902. Un article de presse est consacré à Michel Dransart. Cet homme aurait pu n’être qu’un illustre inconnu s’il n’avait à cette époque réalisé une sorte de record.
Cinquante ans plus tôt, alors qu’il n’est encore qu’un enfant, Michel est embauché à la mine. Il n’a certainement pas débuté sa carrière de galibot à la Société des Mines de Lens, puisque celle-ci n’a commencé à exploiter sa première fosse qu’en 1853. L’histoire ne dit pas où le jeune Michel est descendu pour la première fois.
Le 3 octobre 1902, Michel fête le cinquantième anniversaire de sa carrière dans les galeries de la fosse 11 des Mines de Lens. Un demi-siècle sous terre, voilà qui n’est pas courant à l’époque. Il fallait être résistant, non seulement pour continuer à travailler au fond mais aussi pour pouvoir simplement survivre à ce métier dans lequel peu vivaient assez longtemps pour accéder à la retraite.
D’ailleurs, la retraite, le vieux Michel n’y pense pas. S’il quitte la mine, il doit quitter aussi sa petite maison du coron dominé par le chevalet de la fosse et le double clocher de l’église Saint Pierre. A cette époque, quand on arrête de travailler à la mine, on quitte le monde du charbon et son coron.
Michel a donc aux environs de la soixantaine lorsque la Société des Mines de Lens le fête. Le dimanche 5 décembre, une messe est dite dans l’église Saint Pierre de la cité à l’occasion de la Sainte Barbe, patronne des Mineurs.
Après la célébration, Michel reçoit des mains d’Elie Reumaux, la médaille du travail catégorie ‘Grand Or’. Pour cette grande fête, l’Harmonie des Mines de Lens s’est déplacée.
Michel se dirige ensuite vers la salle du patronage où les dirigeants de la compagnie offrent un repas à la famille du récipiendaire.
Michel est fier de son métier et de l’honneur qui lui est fait. Il est accompagné de son épouse et de ses trois enfants. Emile, l’ainé à commencé sa carrière à ‘gratter la veine’ avec son père avant d’être promu porion aux Mines de Lens. Louis, le cadet, qui est descendu aussi dès son plus jeune âge, est devenu ‘Agent de charbonnage’ à Montdidier dans la Somme. Enfin, la benjamine, Mathilde est caissière dans un grand magasin parisien. La »réussite sociale » de ses enfants est aussi une fierté pour Michel : bien qu’il aime son métier et la vie dans les corons, il est heureux que ses trois enfants aient pu en sortir.
Au soir de sa carrière de mineur, on lui confie des tâches moins rudes, moins physiques. Il ne manie plus le pic ou le marteau, il ne gratte plus les parois poussiéreuses, il est devenu ‘Boutefeu’. Son rôle est de préparer les galeries en les dynamitant afin que ses collègues travaillent en toute sécurité.
Ce rôle, on ne le confie qu’à des gens qui ont du métier et en qui on a une entière confiance. La vie de centaines de mineurs ne dépend que de lui.
Pour cela, il faut que chaque jour encore, il prenne place dans les berlines qui le descendent ‘au fond’, là où il a passé la moitié de sa vie.
Pour combien de temps ? On ne connait pas encore le jour où, après son ultime remontée, il restituera pour la dernière fois sa lampe à la jeune lampiste.
Mais aujourd’hui, c’est jour de fête. Michel est entouré de ses amis, de ces collègues de travail qui ont appris à apprécier et à aimer celui qu’ils appellent ‘le Père Michel’.
Pourquoi la rue de Lille est devenue rue René Lanoy ?
Aujourd’hui, si on demandait à un jeune lensois à quoi correspond le nom de René Lanoy. la réponse serait certainement : ‘’C’est une rue qui va de la place Jean Jaurès à celle du Cantin’’. Cependant, pour les plus anciens, elle est et sera toujours appelée ‘rue de Lille’.
Pourtant, elle est dénommée officiellement ‘Rue René Lanoy’ depuis le 14 septembre 1947 suite à une délibération du Conseil Municipal dirigé par le maire communiste de Lens Auguste Lecœur assisté de son adjoint Roger Pennequin tous deux eux-mêmes anciens Résistants.
A l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la libération de Lens le 2 septembre 1944, il est important de rappeler quel grand Résistant fut René Lannoy.
Né le 11 septembre 1910 à Bruille-lez-Marchiennes, petit village au nord d’Aniche, René Lanoy est professeur de sciences-naturelles à l’école normale de Douai à la déclaration de la guerre. Communiste de toujours, il entre dans la Résistance dès 1940.
En mai 1941, il créée le comité clandestin de libération du Pas-de-Calais et devient responsable du réseau Front national dans le Douaisis et le Cambresis. Ce Front National, qui n’a rien à voir avec le parti politique qui aujourd’hui porte le même nom, est créé par le parti communiste et regroupe au sein de la Résistance les patriotes français quelques soient leurs opinions.
En août 1943, René Lanoy devient responsable de la direction départementale du Pas-de-Calais, fonction qu’il exercera jusqu’à la libération sous le pseudonyme de «Gilbert». Il assure la diffusion du journal clandestin Le patriote du Pas-de-Calais. Il est décédé accidentellement alors qu’il se rendait à un congrès du Front National du Pas-de-Calais qui se tenait à Arras.
Son épouse Suzanne née Blin que René avait épousée en novembre 1940 était professeur d’histoire au collège des filles à Douai. Egalement engagée dans la Résistance en 1940, elle était chargée de la rédaction des publications clandestines. En octobre 1942, elle est arrêtée par la police française, mais est relâchée.
Le 2 mars 1944, elle est de nouveau arrêtée par la gestapo qui perquisitionne à son domicile et retrouve des documents en lien avec la résistance.
Torturée pendant plusieurs jours au siège de la Gestapo à Douai, elle meurt le soir du 6 mars 1944, sans avoir livré de noms de résistant du Front National. Elle avait 31 ans et un enfant de 16 mois.
Rendons à Taraderuse ….
S’il est un homme qui a bien marqué son époque et laissé de nombreux souvenirs dans les mémoires des lensois, c’est bien Taraderuse (ou Taraderuze).
Pourtant Taraderuse n’est pas un homme, ou si peu. Taraderuse est un géant, LE géant de Lens ; et même si sa vie a été éphémère, il est encore aujourd’hui un personnage reconnu et aimé des anciens lensois.
Après la seconde guerre mondiale, la ville de Lens a besoin de se reconstruire à nouveau et le budget municipal est alloué en priorité à effacer les cicatrices laissées par les bombardements; aucun financement ne peut être consacré à l’organisation de festivités. En 1956, Lens a repris pratiquement son aspect d’avant-guerre. La municipalité d’Ernest Schaffner peut maintenant penser à offrir à la population de quoi s’amuser et faire la fête.
Ainsi, le Conseil Municipal décide que les ‘fêtes de la Renaissance de Lens ‘ auront lieu du 3 au 17 juin et que le grand défilé des associations sera programmé le dimanche 10 juin.
Toutes les sociétés sportives, musicales et culturelles sont invitées à défiler dans les rues de la ville. Pour cela, elles préparent costumes, chars fleuris, déguisements ….
Le rassemblement des géants du Nord à Lille quelques semaines auparavant donne l’idée aux membres d’un comité du centre-ville de créer …. un géant lensois. Que pouvait représenter ce géant dans la capitale du pays minier ? Et bien, un mineur, bien sur.
Et ainsi naît Taraderuse. Vêtu de sa longue veste de toile bleue retenue par une ceinture de cuir, coiffé de sa barrette dissimulant à peine son béguin, il porte sur l’épaule son pic et tient de la main droite sa lampe de mineur.
Taraderuse tire son nom d’une phrase du langage picard, dont le patois est quasiment similaire à celui du Pas de Calais. Dans le ‘Glossaire de mots picards, termes et expressions encore en usage’, on peut lire : « Ruses (avoir des ruses) : avoir des difficultés ». On peut donc traduire le nom de notre géant » Taraderuse » ainsi : « Tu auras du fil à retordre ». D’après la légende qui rapporte son histoire, c’est ce que répondait Sophie Bouboute, la mère de Taraderuse lorsque celui-ci lui faisait part de son intention de chercher une épouse.
Une autre version, rapportée dans un article de La Voix du Nord par Amand Mahieu en 1972, évoque un roman qui serait paru après la seconde guerre mondiale. Dans ce texte aujourd’hui introuvable, il aurait été question de la naissance d’un enfant de mineur à qui le père disait, en patois bien sur « Je n’ n’ai eu des ruses. Min père, y n’a eu. Ti aussi, té n’n’auras… ». Et c’est ainsi que l’enfant fut appelé Taraderuse.
Pour les anciens lensois, ceux qui ont connu les défilés des géants, c’est uniquement la première version qui est restée dans les mémoires.
Quand à celle qui soutient que ‘T’aras des ruses’ peut être traduit par « Tu auras des ruses » (‘ruses’ prenant ici le sens de ‘astuces’ ou ‘feintes’), elle est très peu vraisemblable.
Ce même article qualifie notre géant ainsi : ‘Très haut et très puissant seigneur Taraderuze, premier du nom et tenant du titre de protecteur des mineurs’. Notre bonhomme avait-il vraiment le rôle de protecteur des mineurs ? Rien n’est moins sur si on s’en réfère aux autres ouvrages consacrés aux géants du Nord-Pas de Calais.
Les géants ont en effet toujours eu vocation de faire rire, d’amuser les populations. Lors de fêtes populaires du moyen-âge, ceux représentants les seigneurs étaient la cible de quolibets, de crachats et même de coups de pieds ou de poing de la part du peuple. Les géants sont loin d’avoir des facultés divines et sont même très mal fut par l’église catholique. Ils n’ont d’ailleurs jamais été autorisés à participer à des processions religieuses.
Notre ami Taraderuse n’aurait-il pas lui-même fini en enfer ? C’est dans ces lieux que le dessinateur de La Voix du Nord Saint-Yves le représentait en 1972.
Ce dessin était-il prédestiné ? Selon certaines sources, remisé dans un hangar communal il aurait péri dans l’incendie de ce local dans les années 70.
Mais revenons à ses origines. C’est le dimanche 10 juin 1956 que Taraderuse est baptisé. Dans la matinée, il arrive, précédé de l’harmonie municipale et de la fanfare des sapeurs-pompiers, sur la place Jean Jaurès. Il y rejoint Rosalie Tata et Binbin, le géant de Valenciennes. Vont-ils lui servir de marraine et de parrain ? L’histoire ne le dit pas. Devant le Docteur Ernest Schaffner, Député-maire de Lens et de nombreuses personnalités locales, notre géant est fait citoyen d’honneur de la ville et membre d’honneur du Supporter-Club Lensois. Il passera l’après midi à arpenter les rues de Lens afin de se présenter à tous les habitants. Nul doute que le soir, ses porteurs devaient être épuisés même s’ils se relayaient car à cette époque, les géants étaient portés. Ce n’est que plus tard qu’ils furent équipés de roulettes.
Taraderuse n’était pas le seul géant de Lens. Il y eu d’abord Sophie Bouboute. C’était donc la mère de Taraderuse. Il n’est pas facile de trouver trace de cette brave Sophie. On dit même que, finalement, le personnage de Sophie serait resté à l’état de projet et n’aurait jamais vu le jour.
L’amie de Taraderuse, sa tante selon certains, sa ‘fiancée’ selon d’autres, c’était bien sur Rosalie Tata. Elle fut créée par une association de commerçants du quartier de la place Jean Jaurès en 1956 également. La légende veut que Rosalie Tata venait de Bully-les-Mines à Lens avant la première guerre mondiale pour y vendre des gâteaux et des ‘miettes’. Ce commerce lui servait à nourrir sa famille.
Rosalie Tata, coiffée de son chignon, son fichu sur les épaules, portait au bras un sac de toile contenant une botte de poireaux et d’où dépassait la tête d’une oie.
En 1956 également naquit un autre géant, Vulcain. Créé par les ‘Câbleries-Laminoirs-Tréfileries Lensoises’ dont l’usine se trouvait rue de Londres, Vulcain changea vite de nom pour devenir ‘Ch’Guss Trefil’.
Ainsi depuis 1956, les trois géants de Lens sont de tous les défilés. En dehors des périodes de festivité, ils montent la garde devant la porte de la mairie de Lens qui porte encore les traces de la dernière guerre.
Les géants sont à la mode. D’autres associations ou entreprises envisagent d’en construire : le comité de la rue de Paris, le groupement des cafetiers de Lens et même le groupe Lens-Liévin des HBNPC. Une association de la rue de Lille annonce même la naissance d’un géant à l’effigie de Maurice Garin, le premier vainqueur du Tour de France cyclisme qui tient un garage près de la place du Cantin. Mais aucun de ces projets ne vit le jour.
Taraderuse, Rosalie Tata et Ch’Guss Trefil ne furent invités aux fêtes de Lens que pendant une dizaine d’année seulement mais ils étaient si populaires qu’on a l’impression de les avoir toujours connus.
C’est lorsqu’André Delelis succéda à Ernest Schaffner comme premier magistrat de la ville en 1966 que les géants disparurent des fêtes de Lens dont l’organisation fut modifiée. Le but était que les lensois ne soient plus simplement spectateurs mais participants. Les fêtes ont alors lieu sur la place de la République puis plus tard, sur le parking du stade Bollaert.
Certaines sources évoquent que des divergences entre les commerçants du centre-ville, propriétaires des géants et le nouveau maire seraient à l’origine de la disparition des géants des fêtes municipales. Ceux-ci restent enfermés dans un garage municipal dans le quartier du Marais jusqu’à la fin de leur vie.
Ainsi se termine tristement l’histoire de Taraderuse, Rosalie Tata et Ch’Gus Trefil.
En juin 2014, la municipalité organise dans les rues de Lens une grande fête avec représentations de théâtre, de numéros de cirque avec clowns, danses… En hommage à notre géant, cette fête porte le nom de « Taraderuze, le festival des arts de rue ».
Au début de ce siècle, un autre géant est né à Lens. Créé par le club de supporters du RCL ‘le douze lensois’, ‘Ch’meneu‘ a été baptisé le 25 avril 2002. Il tire son nom du ‘meneu de quévaux’ qui tirait les chevaux attelés aux trains de berlines. Depuis, ‘ch’meneu’ est celui qui entraîne les gens à faire la fête.
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