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Le Carnaval des Géants de Lens

Le dimanche 24 juin dernier avait lieu la deuxième édition du carnaval des Géants à Lens. Emmenés par les géants lensois, Taraderuze, Rosalie tata et Ch’Meneu, géants, fanfares et groupe folkloriques de France et de Navarre ont animé les rues de la ville. Un carnaval digne de ceux qui se déroulaient à Lens dans les années 60 !

Alors pour tous ceux qui, comme moi, n’ont pu participer à cette manifestation voici  en quelques images, un résumé de cette grande fête. Et à l’année prochaine pour la troisième édition.

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La véritable origine du nom de Taradéruze

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   J’avais lu dans un article de presse des années 70 que le nom de Taradéruze donné au géant de Lens provenait d’une histoire selon laquelle, sa tante Sophie Bouboute l’aurait ainsi prévenu lorsqu’il lui a fait part de son intention de prendre épouse : « Si té fais cha, tchiot, t’aras des ruzes » (Si tu fais ça, mon petit, tu auras des malheurs).

  Un autre article parlait d’un roman introuvable de nos jours faisant état d’un mineur qui voulait appeler son fils Taradéruze car il avait lui-même eu des malheurs dans sa vie et qu’il voulait ainsi prévenir son fils des risques à venir.

  Hé bien, ce roman introuvable, je l’ai entre les mains grâce à mon ami Richard Pisula, un lensois ‘pur souche’ lui aussi exilé. Ce livre s’intitule ‘Pays Noir’, a été écrit par Jean Pierre Barrou aux éditions de la Lys de Vendin-le-Vieil en 1942. Il raconte la vie des mineurs et de leurs familles dans la première moitié du 20ème siècle dans la région lensoise.

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   L’un des personnages se nomme Isidore Pochet. Trente ans, fils et petit fils de mineur, Isidore, surnommé par tous « Zidore » est l’époux de Sophie Floquet, également fille de mineur. D’un surnom issu de ses grands parents, cette dame est appelée par tous dans le coron « Sophie Bouboute ». La voici donc notre Sophie Bouboute de la légende !!!

  Zidore aimait les bistouilles, les pintes et le canons de rouge. Sophie allait souvent le rechercher à l’estaminet pour le ramener en le tirant par l’oreille ! Cela n’empêcha pas Sophie de se retrouver enceinte.

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  Zidore, en annonçant la nouvelle aux copains du café ajouta « Je l’appellerai Taradéruze ». Devant l’étonnement de ses partenaires de boisson, il répondit : « Je n’d’ai eu, mi, des ruzes d’pis que j’sus au monte. I n’d’ara aussi. Autant que je l’prévienne tout d’suite ! » (J’en ai eu, moi, des problèmes depuis que je suis venu au monde. Il en aura aussi. Autant que je le prévienne tout de suite).

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  Sauf que Sophie Bouboute et sa mère Julie, la femme la plus haïe au monde par Zidore, en avaient décidé autrement et que pour elles le gamin ne pourrait porter que le prénom de son grand père maternel : Fernand.

   Quelques pages plus tard, l’enfant est né. Zidore se rend à la mairie en compagnie de son copain de chopine Marius non sans faire de nombreuses escales alcoolisées. A l’employé de mairie qui lui demande le prénom choisi, il répond sans hésiter « Taradéruze ». Le fonctionnaire, affirmant que ce prénom n’étant pas dans la liste des patronymes autorisés, demande à Zidore si son épouse n’en a pas choisi un autre. Zidore rétorque « Si, mais j’m’in rappelle pus ! ».

  C’est alors qu’intervient Marius qui propose d’appeler l’enfant comme lui. Ce fut donc « Marius Pochet » qui figura sur le registre des naissances.

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  Apprenant cela lors du retour de son époux bien éméché, Sophie Bouboute se mit dans une colère monstre. Ce fut finalement la belle-mère qui trouva la solution : puisqu’aucun des deux parents ne voulaient prénommer leur fils Marius, Sophie Bouboute l’appellera toujours Fernand et Zidore «Taradéruze».

   Voici donc la véritable origine du nom de notre géant lensois. Certainement que l’un des membres du Comité du Centre-ville connaissait ce roman pour en 1956 proposer pour lui le nom devenu aujourd’hui célèbre de TARADERUZE.

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Le retour de Rosalie Tata et de Taraderuze

   La journée du samedi 10 septembre restera en mémoire dans les têtes des lensois. Ce jour là, ils étaient nombreux à assister à la résurrection et au baptême des géants lensois Taraderuze et Rosalie Tata.

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   Nés une première fois en 1956, disparus des fêtes de Lens à la fin des années 60 puis détruits dans l’incendie du garage communal dans lequel ils étaient remisés, nos deux géants, accompagnés d’un troisième, Ch’Guss Trefil ont longtemps manqués aux animations de la ville.

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  Il y a quelque temps, une association se créer avec pour but de recréer ces personnages et de relancer la tradition des fêtes de Lens dans le style des années 50/60. Claude Gillot et son fidèle lieutenant Arnaud Desmaretz se lancent dans l’aventure. Tout ne fut pas facile mais avec abnégation, ils trouvent les moyens financiers nécessaires à la réalisation de leur projet.

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  Aidés par quelques amis, ils font reconstruire Taraderuze et Rosalie Tata par Dorian Demarcq, l’artisan créateur de géants. Les finances ne permettent pas la reconstruction de Ch’Guss Tréfil dans un premier temps mais ce n’est que partie remise.

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   Bien sur, le retour des géants de Lens ne peut s’accompagner que d’une grande fête qui était prévue dimanche 11 septembre. Plus de 100 géants venus de toute la région, une trentaine d’harmonies, de nombreux groupes et associations devaient y participer. Malheureusement l’actualité tragique du moment et les exigences parfois surprenantes mais surtout très onéreuses de la sous-préfecture de Lens ont obligé l’association à reporter la fête.

  Cependant, Taraderuze et Rosalie de nouveau vivants, il fallait les baptiser. C’est ce qui est fait le samedi 10 septembre 2016 à l’occasion de la journée des associations.

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  M. Sylvain Robert, maire de Lens, a dirigé la cérémonie. C’est Bernard Schaffner, l’un des fils de l’ancien député-maire de Lens, qui a accepté d’être le parrain de Taraderuze ; madame Lysiane Gillot sa marraine.

   Pour Rosalie Tata, son parrain était Alain Oudre qui a fait le déplacement de Toulouse pour participer à la fête. Il est l’arrière-arrière petit-fils de Rosalie Abrassart, la dame qui servit de modèle à la géante lensoise. La marraine de Rosalie était Jessy Desmaretz, une passionnée des Géants du Nord.

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  Après la ‘cérémonie officielle’ mais non moins décontractée, Monsieur Robert a remis aux parrains et marraines le certificat de baptême de nos géants.

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   Et comme d’habitude à Lens, tous finit toujours en musique ! Le talentueux troubadour s’appelle Benoît Bourgeois, il interprète une de ses compositions réalisée spécialement « Elle est belle, Rosalie » et est accompagné d’un groupe d’enfants habillés en galibot pour les garçons et en cafut pour les filles.

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  Taraderuze et Rosalie Tata en profite pour effectuer leurs tous premiers pas de danse depuis leur retour.

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  La fête se termine par un show du groupe des Alizés de Lens, de jeunes demoiselles aux couleurs Sang et Or habituées à accompagner Ch’Meneu dans ses déplacements.

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  On ne sait où Rosalie Tata et ses deux hommes Ch’Meneu et Taraderuze ont passé la nuit, mais dès le lendemain matin, ils étaient frais et dispos pour se présenter aux lensois sur la place Jean Jaurès.

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   Avant de reprendre la place qui était la leur dans les années 60 : devant les portes de l’Hôtel de Ville.

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  Pas de carnaval des géants donc pour cette fois ci mais comme un vrai lensois ne renonce jamais, celle-ci aura lieu plus tard …. Et n’en sera que plus belle !

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LENS TOI, le guide des étudiants de l’IUT de Lens

   A partir de ce week-end, vous rencontrerez dans les rues de Lens les étudiants de l’IUT. Ils vous proposeront pour la modique somme de 2 Euros, le guide 2016 de l’Artois.

   Les bénéfices de cette vente serviront à financer leurs projets universitaires.

   Merci de leur réserver le meilleurs accueil.

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1956, les fêtes de la renaissance de Lens

   1956 à Lens : 11 ans après la Libération, les derniers stigmates de la guerre sont effacés. Le maire de Lens, le Docteur Ernest Schaffner décide d’organiser les « fêtes de la Renaissance ». Elles seront jumelées avec le cinquantenaire du Racing Club de Lens et verront les baptêmes des deux géants lensois Taraderuse et Rosalie Tata.

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   Le samedi 3 juin 1956 à midi précise, les commerçants du centre-ville de Lens se retrouvent dans la salle Tabarin de la place Jean Jaurès afin de procéder au baptême de leur géante Rosalie Tata qui est en fait la représentation de Rosalie ABRASSART (1855-1932) qui,  pendant la première guerre, venait chaque jour de Bully-les-Mines pour vendre  ses biscuits sur Lens afin de subvenir aux besoins de sa famille. (Information reçue de M. Alain Oudre, arrière petit-fils de madame Abrassart).

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   Dans la soirée du samedi, les Sapeurs-Pompiers de la ville de Lens, accompagnés de ceux du Groupe Lens-Liévin des mines ouvrent la route à une grande retraite aux flambeaux suivie d’un grand feu d’artifice sur la place du Cantin.

   Le dimanche matin, une course cycliste est organisée. Appelée le « Rallye des Cités », elle parcoure toutes les cités minières avant l’arrivée finale sur la place Jean Jaurès vers 11h00. Juste à temps pour que les coureurs puissent assister au baptême de Taraderuse.

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   Devant la mairie, l’animateur de radio Alex Ponchant anime la première partie du spectacle puis monsieur Ernest Schaffner reçoit officiellement Taraderuse en l’hôtel de ville. Après la cérémonie officielle du baptême, Maurice Carton, président du Supporter Club Lensois remet au géant l’insigne de l’association.

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   A 15h00, alors qu’au stade Bollaert débute un match de barrage de championnat entre les équipes de Lille et de Valenciennes, le grand défilé se met en marche dans les cités minières du 12, du 14 et du 4 avant de se regrouper rue Emile Zola.

   Les trottoirs du centre-ville sont noirs de monde lorsqu’à 16h30 démarre le cortège du carrefour Bollaert précédé d’une caravane publicitaire. Il empruntera les Boulevard Basly et toutes les grandes artères de la ville, passant par les places de la Gare et du Cantin avant de se regrouper sur la place de la République où il se disloquera le cortège vers 19h30.

   En tête du défilé prônent nos deux nouveaux lensois, Taraderuse et Rosalie Tata, accompagnés de leur ami valenciennois Binbin.

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   Dans le cortège défile aussi un autre géant de Lens. Il a été élaboré par les ouvriers des Cableries-Tréfileries Lensoises de la rue de Londres appelés plus communément les Laminoirs. Ce géant appelé d’abord Vulcain recevra rapidement le surnom de « Ch’Guss Tréfil ».

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   Ils sont suivis de nombreux chars tels les Volendammers, un groupe hollandais, les Diables de Renaix, les trappeurs de l’Alaska, la fanfare amoureuse d’Annay, l’union des colombophiles lensois, les accordéonistes des Cols Bleus d’Avion, les Gilles et Gais Lurons Quaregnonais en Belgique, l’Amicale Corporative  ou encore les Amis de la fosse 8.

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   Dans ce défilé, on fête aussi le cinquantenaire du RC Lens avec les chars du ‘Supporter Club Lensois’. Le bureau de l’association et les sections  de quartier ont chacun construit le leur.

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   Le dimanche soir, les jambes commencent à être un peu lourdes mais cela n’empêche pas les lensois d’assister au spectacle de nuit entièrement gratuit offert par le Comité d’Organisation des Fêtes de Lens. Présenté par Alex Ponchant et Jacques Mars de l’Opéra de Paris, on assiste à des numéros de de fantaisistes, d’équilibristes, à des ballets et à la surprenante ‘bombe humaine’ , l’homme obus lancé d’un canon !

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   Le spectacle se termine par un tour de chant de John William et sa célèbre chanson ‘Si toi aussi tu m’abandonnes’.

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   Dans son édition de la semaine suivante, ‘Notre Mine’, le journal des HBNPC félicite  » toutes les sociétés qui ont véritablement fait assaut d’imagination, d’humour et de fantaisie pour lui donner de bout en bout la cocasserie, la truculence allant de paire avec les bons géants Taraderuse, Rosalie Tata et Binbin ». Et d’ajouter : « Il est salutaire de vivre et de se détendre sans contrainte comme le font les enfants : la carnaval et ses traditions en sont un des moyens les plus efficaces ».

   En marge, le Racing Club de Lens a organisé une tombola avec deux voitures comme lots principaux. C’est au stade Bollaert que monsieur Léon Mercier, habitant rue Gambetta reçu les clés de la 403 Peugeot tandis que monsieur Paul Courtecuisse, un retraité de la cité Chouard recevait celles de la 2CV Citroën.

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Et n’oubliez pas d’inscrire dans vos agendas :

Le Carnaval des géants Lensois 2016

Le retour de Taraderuse et Rosalie Tata

Dimanche 11 septembre 2016,
A 11h00, place Jean Jaurès

Baptêmes des géants lensois, Taraderuse et Rosalie Tata

  à partir de 14h00
La parade des géants dans les rues de Lens

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Rendons à Taraderuse ….

   S’il est un homme qui a bien marqué son époque et laissé de nombreux souvenirs dans les mémoires des lensois, c’est bien Taraderuse (ou Taraderuze).

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   Pourtant Taraderuse n’est pas un homme, ou si peu. Taraderuse est un géant, LE géant de Lens ; et même si sa vie a été éphémère, il est encore aujourd’hui un personnage reconnu et aimé des anciens lensois.

   Après la seconde guerre mondiale, la ville de Lens a besoin de se reconstruire à nouveau et le budget municipal est alloué en priorité à effacer les cicatrices laissées par les bombardements; aucun financement ne peut être consacré à l’organisation de festivités. En 1956, Lens a repris pratiquement son aspect d’avant-guerre. La municipalité d’Ernest Schaffner peut maintenant penser à offrir à la population de quoi s’amuser et faire la fête.

   Ainsi, le Conseil Municipal décide que les ‘fêtes de la Renaissance de Lens ‘ auront lieu du 3 au 17 juin et que le grand défilé des associations sera programmé le dimanche 10 juin.

   Toutes les sociétés sportives, musicales et culturelles sont invitées à défiler dans les rues de la ville. Pour cela, elles préparent costumes, chars fleuris, déguisements ….

   Le rassemblement des géants du Nord à Lille quelques semaines auparavant donne l’idée aux membres d’un comité du centre-ville de créer …. un géant lensois. Que pouvait représenter ce géant dans la capitale du pays minier ? Et bien, un mineur, bien sur.

   Et ainsi naît Taraderuse. Vêtu de sa longue veste de toile bleue retenue par une ceinture de cuir, coiffé de sa barrette dissimulant à peine son béguin, il porte sur l’épaule son pic et tient de la main droite sa lampe de mineur.

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  Taraderuse tire son nom d’une phrase du langage picard, dont le patois est quasiment similaire à celui du Pas de Calais. Dans le ‘Glossaire de mots picards, termes et expressions encore en usage’, on peut lire : « Ruses (avoir des ruses) : avoir des difficultés ». On peut donc traduire le nom de notre géant  » Taraderuse » ainsi : « Tu auras du fil à retordre ». D’après la légende qui rapporte son histoire, c’est ce que répondait Sophie Bouboute, la mère de Taraderuse lorsque celui-ci lui faisait part de son intention de chercher une épouse.

   Une autre version, rapportée dans un article de La Voix du Nord par Amand Mahieu en 1972, évoque un roman qui serait paru après la seconde guerre mondiale. Dans ce texte aujourd’hui introuvable, il aurait été question de la naissance d’un enfant de mineur à qui le père disait, en patois bien sur  « Je n’ n’ai eu des ruses. Min père, y n’a eu. Ti aussi, té n’n’auras… ». Et c’est ainsi que l’enfant fut appelé Taraderuse.

   Pour les anciens lensois, ceux qui ont connu les défilés des géants, c’est uniquement la première version qui est restée dans les mémoires.

   Quand à celle qui soutient que ‘T’aras des ruses’ peut être traduit par « Tu auras des ruses » (‘ruses’ prenant ici le sens de ‘astuces’ ou ‘feintes’), elle est très peu vraisemblable.

   Ce même article qualifie notre géant ainsi : ‘Très haut et très puissant seigneur Taraderuze, premier du nom et tenant du titre de protecteur des mineurs’. Notre bonhomme avait-il vraiment le rôle de protecteur des mineurs ? Rien n’est moins sur si on s’en réfère aux autres ouvrages consacrés aux géants du Nord-Pas de Calais.

   Les géants ont en effet toujours eu vocation de faire rire, d’amuser les populations. Lors de fêtes populaires du moyen-âge, ceux représentants les seigneurs étaient la cible de quolibets, de crachats et même de coups de pieds ou de poing de la part du peuple. Les géants sont loin d’avoir des facultés divines et sont même très mal fut par l’église catholique. Ils n’ont d’ailleurs jamais été autorisés à participer à des processions religieuses.

   Notre ami Taraderuse n’aurait-il pas lui-même fini en enfer ? C’est dans ces lieux que le dessinateur de La Voix du Nord Saint-Yves le représentait en 1972.

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   Ce dessin était-il prédestiné ? Selon certaines sources, remisé dans un hangar communal il aurait péri dans l’incendie de ce local dans les années 70.

   Mais revenons à ses origines. C’est le dimanche 10 juin 1956 que Taraderuse est baptisé. Dans la matinée, il arrive, précédé de l’harmonie municipale et de la fanfare des sapeurs-pompiers, sur la place Jean Jaurès. Il y rejoint Rosalie Tata et Binbin, le géant de Valenciennes. Vont-ils lui servir de marraine et de parrain ? L’histoire ne le dit pas. Devant le Docteur Ernest Schaffner, Député-maire de Lens et de nombreuses personnalités locales, notre géant est fait citoyen d’honneur de la ville et membre d’honneur du Supporter-Club Lensois. Il passera l’après midi à arpenter les rues de Lens afin de se présenter à tous les habitants. Nul doute que le soir, ses porteurs devaient être épuisés même s’ils se relayaient car à cette époque, les géants étaient portés. Ce n’est que plus tard qu’ils furent équipés de roulettes.

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   Taraderuse n’était pas le seul géant de Lens. Il y eu d’abord Sophie Bouboute. C’était donc la mère de Taraderuse. Il n’est pas facile de trouver trace de cette brave Sophie. On dit même que, finalement, le personnage de Sophie serait resté à l’état de projet et n’aurait jamais vu le jour.

   L’amie de Taraderuse, sa tante selon certains, sa ‘fiancée’ selon d’autres, c’était bien sur Rosalie Tata. Elle fut créée par une association de commerçants du quartier de la place Jean Jaurès en 1956 également. La légende veut que Rosalie Tata venait de Bully-les-Mines à Lens avant la première guerre mondiale pour y vendre des gâteaux et des ‘miettes’. Ce commerce lui servait à nourrir sa famille.

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  Rosalie Tata, coiffée de son chignon, son fichu sur les épaules, portait au bras un sac de toile contenant une botte de poireaux et d’où dépassait la tête d’une oie.

   En 1956 également naquit un autre géant, Vulcain. Créé par les ‘Câbleries-Laminoirs-Tréfileries Lensoises’ dont l’usine se trouvait rue de Londres, Vulcain changea vite de nom pour devenir ‘Ch’Guss Trefil’.

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   Ainsi depuis 1956, les trois géants de Lens sont de tous les défilés. En dehors des périodes de festivité, ils montent la garde devant la porte de la mairie de Lens qui porte encore les traces de la dernière guerre.

   Les géants sont à la mode. D’autres associations ou entreprises envisagent d’en construire : le comité de la rue de Paris, le groupement des cafetiers de Lens et même le groupe Lens-Liévin des HBNPC. Une association de la rue de Lille annonce même la naissance d’un géant à l’effigie de Maurice Garin, le premier vainqueur du Tour de France cyclisme qui tient un garage près de la place du Cantin. Mais aucun de ces projets ne vit le jour.

  Taraderuse, Rosalie Tata et Ch’Guss Trefil ne furent invités aux fêtes de Lens que pendant une dizaine d’année seulement mais ils étaient si populaires qu’on a l’impression de les avoir toujours connus.

   C’est lorsqu’André Delelis succéda à Ernest Schaffner comme premier magistrat de la ville en 1966 que les géants disparurent des fêtes de Lens dont l’organisation fut modifiée. Le but était que les lensois ne soient plus simplement spectateurs mais participants. Les fêtes ont alors lieu sur la place de la République puis plus tard, sur le parking du stade Bollaert.

  Certaines sources évoquent que des divergences entre les commerçants du centre-ville, propriétaires des géants et le nouveau maire seraient à l’origine de la disparition des géants des fêtes municipales. Ceux-ci restent enfermés dans un garage municipal dans le quartier du Marais jusqu’à la fin de leur vie.

  Ainsi se termine tristement l’histoire de Taraderuse, Rosalie Tata et Ch’Gus Trefil.

   En juin 2014, la municipalité organise dans les rues de Lens une grande fête avec représentations de théâtre, de numéros de cirque avec clowns, danses… En hommage à notre géant, cette fête porte le nom de « Taraderuze, le festival des arts de rue ».

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   Au début de ce siècle, un autre géant est né à Lens. Créé par le club de supporters  du RCL ‘le douze lensois’, ‘Ch’meneu‘ a été baptisé le 25 avril 2002.  Il tire son nom du ‘meneu de quévaux’ qui tirait les chevaux attelés aux trains de berlines. Depuis, ‘ch’meneu’ est celui qui entraîne les gens à faire la fête.

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