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LENS 1918 : Le retour à Lens d’Alfred Bucquet

    Dans un article du journal La Voix du Nord du 3 octobre 1978, était retranscrit le texte dans lequel Alfred Bucquet avait relaté son voyage à Lens en 1918. Il fut l’un des tous premiers civils à passer une nuit dans les ruines de la cité.

   Alfred Buquet, instituteur pour les Mines de Lens à l’école de la cité Saint-Pierre, revient à Lens le 22 octobre 1918. Cela fait exactement 18 jours que les Allemands ont été chassés et que les troupes anglaises ont posé l’étendard de la liberté sur les ruines de la ville.

bucquet

   L’auteur de « Lens, son passé, ses houillères » raconte :

   « En permission à Saint-Hilaire Cottes dans ma famille, j’entreprends mon pèlerinage à Lens … Le train ne va pas plus loin que Bully. Par Grenay, j’arrive à pied là où se trouve un poteau indicateur «Saint-Pierre». Pour les Anglais, notre cité n’est ni Lens, ni Loos, ni Liévin mais Saint-Pierre.

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   Je continue à avancer. La route est entretenue par les Anglais pour leur ravitaillement. J’ai laissé à gauche la fosse 16. Il n’y a plus que la carcasse en fer et des tôles percées comme des écumoires. Les murs en briques sont abattus. Le carreau de la fosse est bouleversé par les tranchées et les trous d’obus. Du terril vers le 11, de la fumée : il brûle.

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    J’avance jusqu’à la maison du chef-porion et descend l’avenue derrière l’église puis vers l’école et la rue d’Artois jusqu’à l’avenue de la fosse. Les maisons sont toutes fortement touchées, bon nombre n’existent plus tels les écoles des filles, l’atelier de couture, la coopérative, les cabarets, la maison de l’ingénieur et de chef-porion, l’église et le presbytère et l’école des garçons.

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   La sixième classe, celle en bordure de l’avenue de la fosse, est debout à hauteur des murs, les autres classes n’ont plus que les fondations. Et encore ! Elle est remplie de pierres. Au milieu, un puits avec une échelle. J’y descends 8 à 10 mètres en m’éclairant avec mon briquet. Je me trouve dans une galerie qui aboutit à deux chambres souterraines masquées par des couvertures puis un deuxième puits par lequel je remonte. Je suis dans le jardin scolaire, il est transformé en cimetière allemand : 200, 300 tombes ?

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   Je reviens vers ce qui fut ma maison, mon bureau, ma bibliothèque. Tout est rasé. La cave est devenue le rez-de-chaussée. On entre par le jardin scolaire. La pente du terrain a permis de faire la même chose avec la cave du presbytère : tout le chemin de croix est remisé dans l’escalier, un caveau est plein de bouteilles vides. Autour de l’église, il y a des tombes de civils tués par les bombardements en 1915. Mon jardin est dévasté, les murs de clôture abattus. Je ne retrouve rien des objets qui nous ont appartenu.

   Du carreau de la fosse 11, le sol apparait bouleversé, chaotique. Tranchées et boyaux, sapes et abris, blockhaus bétonnés, chevaux de frise, barbelés s’enchevêtrent à perte de vue parmi les milliers de trous d’obus. De-ci de-là, quelques squelettes d’avions, des cadavres de chevaux, des véhicules brisés, de menus objets hétéroclites, pauvres choses de la vie des tranchées.

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   La cote 70 rendue célèbre par les communiqués anglais est bouleversée par d’immenses cratères. Je continue vers Lens par le Chemin Manot et la route de Béthune. La fosse 12, le puits 12bis, l’hôpital (des mines) : rien ne reste que des carcasses en fer. L’eau ruisselle le long de la route de Béthune vers le fossé Sigier (cours d’eau artificiel qui reliait avant la guerre les fosses 3, 3 bis, 9, 12 et 1 des mines de Lens). Elle déborde de la fosse 12. Toutes les fosses sont donc noyées puisqu’elles communiquaient entre-elles.

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   Je descends la rue Bollaert jusqu’au boulevard des Ecoles (Bd Basly aujourd’hui). J’arrive à l’église Saint-Léger qui n’est plus qu’une grosse motte de débris d’où émergent quelques colonnes brisées. J’y grimpe, je n’aperçois que ruines ! La ville n’est plus qu’un amas informe de gravats ; aucun pas de mur ne domine.

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   Les rues ont disparu … Rue Bollaert, Boulevard des Ecoles, Rues de Lille et de Douai : plus d’arbres. La plaine de Lens a bien la forme d’une cuvette ; rien ne domine plus assez pour en rompre le dessin.

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   Le soir est venu. Où loger ? J’ai vu des gendarmes anglais près de la brasserie Shinckel, rue Decrombecque. J’y vais et les joins dans la cave. Ils m’indiquent dans la rue de la Porte d’Arras l’endroit aménagé pour les relais. Je m’y installe mais suis bientôt délogé par les rats. Je n’aime pas ce voisinage et préfère aller coucher au 11 où le cabinet du docteur m’a semblé plus confortable. Il pleut un peu mais bon …

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   Un groupe d’Anglais est logé dans la cave. J’adopte une des couchettes. Je suis un moment à m’endormir, il me semble entendre des souris. Quand je me réveille, il fait jour. Je parcours un peu la cité. Vers 10h00, je suis au passage à niveau de Loos en route vers Angres. Les voies ferrées sont restés mais il manque de nombreux rails.

   Depuis hier, je n’ai pas vu 10 civils. Je traverse le 3 de Lens (cité Saint-Amé à Liévin), descend dans Liévin et arrive à Angres. Des ruines, rien que des ruines, plus rien d’intact ! (…)

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   Je reprends la route, je traverse le cimetière, les tombes sont brisées, les cercueils sont ouverts, les ossement baignent dans l’eau de pluie. Je rejoins la route d’Arras à Béthune. La colline de Lorette est dévastée, la chapelle n’existe plus. C’est le bled avec d’innombrables trous d’obus et aussi des tombes de soldats.

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   Sitôt sur la grande route, je remarque que les champs ont été cultivés. Le contraste est poignant … Je suis resté là un long moment à regarder. Rien ne gène la vue. Je ne vois personne : aucun être vivant, que des oiseaux ! Sur les hauteurs à ma gauche se dressent les carcasses de la fosse 11 de Béthune (située à Grenay) et celles des fosses 16, 11, 12 et 14 de Lens. Plus loin, le 8 et les usines de Vendin. La cité Saint-Pierre retient mes regards avec ses squelettes de maisons alignées aux flancs de la côte 70.

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   Je repars par Aix-Noulette qui a bien souffert aussi. Je regagne la gare de Bully où j’ai un train pour Lillers. Je rentre à Saint-Hilaire à la nuit bien fatigué mais bien décidé à raconter en détail tout ce que j’ai vu. »

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LENS au 13ème siècle

    Je dédie cet article à Bernard Ghienne, passionné par cette période de l’histoire de Lens et qui, avec la Cercle Archéologique de la Région Lensoise, avait confectionné une maquette de la ville à cette époque.

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   Nota : les chiffres entre parenthèses dans le texte correspondent aux lieux portant le même numéro sur la carte figurant à la fin de l’article.

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Un siècle d’histoire :

   En ce début de 13ème siècle, Lens, qui faisait partie du comté de Flandre depuis 877, appartient au roi de France. C’est en 1191 que Renaud de Dammartin, quatrième époux de Ida (ou Ide), comtesse de Boulogne et de Lens cède la terre de Lens au roi Philippe-Auguste. Lens appartient alors au comté d’Artois comme Arras, Bapaume, Béthune, Lillers, St Omer et Auxi.

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   En 1212, un traité est signé à Pont-à-Vendin entre le roi de France et Ferrand de Portugal, le comte de Flandre par lequel la Flandre cède St Omer et Aire-sur-la-Lys au futur Louis VIII, fils de Philippe-Auguste. Le châtelain Jean 1er de Lens, jusqu’alors vassal du comte d’Artois, se soumet au roi.

   Ferrand de Portugal et Renaud de Dammartin renient ce traité et une guerre éclate en 1213. Ferrand détruit une grande partie de l’Artois et s’attaque au château de Lens défendu par les troupes de Jean 1er mais ne peut s’en emparer. Le conflit prend fin en 1214 par la bataille de Bouvines et la victoire des armées françaises.

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   Quelques mois plutôt, Ferrand avait nommé Bauduin, le fils de Jean 1er qui avait combattu à ses côtés (donc contre son père), châtelain de Lens alors que le roi Philippe-Auguste avait confirmé Jean de Lens dans ses fonctions. Lens eut donc deux châtelains pendant cette courte période.

   En 1215, à la mort de Jean 1er, Bauduin se rapproche de Philippe-Auguste et confirme l’attachement de la châtellenie de Lens au roi. Il s’engage à payer au roi 200 livres si Ferrand lui déclare la guerre.

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   En 1224, Louis VIII, roi de France depuis un an et la mort de Philippe-Auguste, assure son épouse Blanche de Castille l’héritage en douaire des villes de Lens, Hesdin et Bapaume. A sa mort trois ans plus tard, il lègue l’Artois à son fils Robert qui deviendra donc Robert 1er, comte d’Artois.

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  En 1237, Louis IX, dit Saint Louis, confirme la possession de l’Artois à Robert 1er et remplaça le douaire de Blanche de Castille par d’autres biens.

  En 1250, Robert 1er est tué en croisade, son fils Robert II hérite du comté qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1302 lors de la bataille de Courtrai alors qu’il se trouve à la tête de l’armée du roi Philippe le Bel.

La châtellenie :

   L’anarchie qui règne en France de puis les invasions normandes au 11ème siècle engendre la perte d’autorité des rois de France et la création de châtellenies, des territoires sur gérés depuis un château sur lesquels règnent les princes locaux. Ils ont sous leur dépendance des châtelains nommés et rémunérés. Lens est le centre d’une châtellenie qui s’étale de Marles à Brebières d’ouest en est et de Neuve Chapelle à Thélus du nord au sud.

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   Les châtelains de Lens sont les vassaux du comte de Flandre, Ferrand de Portugal. Ils appartiennent à la famille de la « Maison de Lens » et logent dans la tour, dernier vestige du château de la Motte construit au 11ème siècle (1), près de la porte de Pesquebœuf.

   A l’aube du 13ème siècle, le châtelain se nomme Eustache de Lens ; puis vinrent Bauduin III en 1206, Jean 1er en 1211, Bauduin IV en 1215, Jean II en 1238, Bauduin V en 1240, et Jean III à partir de 1264 jusqu’à la fin du siècle.

  Gardiens du château comtal, ils gèrent les comptes de la châtellenie, assument par délégation du comte les autorités militaires (Lens abrite une garnison de 27 hommes) et judiciaires, sont chargés de l’arrestation des délinquants, du gardiennage de la prison communale et de l’exécution des sentences. Ils sont aussi protecteurs et bienfaiteurs de la collégiale Notre-Dame de Lens et protègent les biens temporels des moines mineurs.

   Le châtelain a autorité sur 12 vassaux qui sont les seigneurs de Souchies (Souchez), Hullucq (Hulluch), Chygyn (Sainghain), Roeult, Avions (Avion), Wendin (Vendin), Billy en Gohelle (Billy-Montigny), Aix (Aix-Noulette), la Cauchiette (Hameau de Amette près d’Auchel), Vielaine (Violaines) et Ledinghem. Formant la cour du châtelain, ils lui versent un impôt et s’engagent à prendre les armes pour le défendre.

   Le châtelain perçoit le tiers des amendes échevinales, possède un droit d’octroi sur les marchés et exerce la surveillance de la navigation sur la Souchez, la Glissoire et ‘’le fossé’’ (futur canal de Lens).

Le baillage de Lens :

   Dès son couronnement en 1180, Philippe-Auguste veut considérablement renforcer le pouvoir royal. Pour reprendre l’autorité sur les châtellenies, il crée les baillis. Le bailli est nommé par le roi ou son représentant, pas toujours issu de la noblesse, et va prendre peu à peu les attributions jusqu’alors dédiées au châtelain.

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   La féodalité est respectée par le roi, mais elle lui est alors parfaitement soumise et la justice royale fait de grands progrès. Les comtés renoncent en masse à leur indépendance et laissent au roi le contrôle de leur gestion financière.

   En 1224, la châtellenie de Lens disparaît et fait place au bailliage de Lens. Le bailli de Lens s’installe au château du Souverain où il dispose d’appartements et de jardins (2).

   Le territoire du baillage de Lens est plus large que ne l’était la châtellenie. C’est un des plus importants de l’Artois, le bailli de Lens règne sur ‘119 villages, hameaux et sences’.

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   Le châtelain de Lens n’est plus le représentant du comte, il n’a plus rien à voir avec le ressort administratif et ne gère plus que son patrimoine. Il conserve cependant le rôle d’officier militaire contrôlé par le bailli qui a la charge du ravitaillement et de la paye des troupes jusqu’aux environs de 1290 lorsque le roi crée les gardes du château (« garde dou castel de par le roy ») qui reprennent également les attributions militaires et de police du châtelain. Le garde du château de Lens nommé en 1297 par Philippe le Bel est Eustache de Neuville-Matringhem.

  On ne trouve la trace du premier bailli de Lens qu’en 1223. Il se nomme Hellin. L’histoire nous rapporte que son successeur Geoffroy de Nully doit réprimer une révolte de bourgeois pour avoir emprisonné l’un des leurs. Puis il y eut Adam de Milly en 1236, Pierre en 1237. On trouve ensuite les noms de Gautier de Mareuil, Huon de Saint-Omer, Jean Creton, Ernoul Caffet ou Achard de Villiers dont la signature figure sur un document délimitant les marais de Wingles !

   Les baillis sont donc aussi des officiers publics, chargés des fonctions administratives comme établir, modifier ou valider le cadastre. Ils président le tribunal comtal assistés de 14 feudataires mais ne sont pas juges. Leur rôle est de faire arrêter les coupables et de les traduire devant leurs juges. Ils doivent aussi des charger de faire exécuter la sentence, qu’elle soit pécuniaire ou corporelle. Ils sont également chargés de la perception des impôts royaux et des droits comtaux.

   En 1228, le bailli de Lens fait frapper un sceau représentant le château royal.

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  A noter également la présence à la fin du siècle d’une sorte de « police privée » créée par le comte d’Artois et indépendante du bailli. Elle est dirigée par le «capitaine de la ville de Lens» qui se nomme Thibaut de Willerval.

L’échevinage :

   En 1206, Louis VIII, roi de France émet une charte autorisant les maïeurs (maires) et échevins de Lens de nommer leurs successeurs tous les 14 mois. On peut donc penser que c’est à cette époque que Lens a été désignée « commune ».

   L’organisation et la gestion de la ville est alors confiée à un échevinage, sorte de conseil municipal officiellement indépendant des comtes d’Artois et des baillis.

   Les échevins, choisis dans le corps des bourgeois de la ville, désignent le maïeur parmi eux. Ils sont assistés d’un greffier et d’un argentier.

   Les échevins n’ont de pouvoir que sur le territoire de la commune où ils sont juges et administrateurs ; ils reçoivent les actes et contrats (vente de domaine, legs …) qui ne peuvent être considérés valides que s’ils sont signés par l’un des leurs. Ils peuvent négocier avec le roi le montant des impôts dus par la ville au royaume et ont aussi le droit de modifier les lois et coutumes de la commune dans le cadre d’une charte royale.

   Réunis 3 fois par semaine d’abord au château royal puis dans la Maison de ville (3), ils exercent la haute, moyenne et basse justice pour les crimes et délits émis dans le bourg selon des règles d’une charte royale. En 1209, cette charte précisait par exemple que « quiconque arrachera un membre à autrui se verra amputé du même membre ou condamné à une amende de 60 livres » encore que « celui qui blessera quelqu’un avec un poignard ou une matraque pourra se faire couper le poing si cela est la volonté des échevins ».

   Les échevins et le maïeur n’ont aucun pouvoir militaire. Cependant, en 1228, l’échevinage de Lens s’engage à défendre le roi Louis IX et sa mère Blanche de Castille, régente du royaume contre tous leurs ennemis.

La religion :

   A Lens, comme partout à cette époque, l’autorité religieuse a une grande influence sur la vie de la société. On ne sait si la ville a vécu des procès pour hérésie très nombreux à cette époque. Tué lors de la septième croisade en 1250, Robert 1er, comte d’Artois, avait vraisemblablement emmené avec lui quelques hommes de la garnison de Lens.

  En 1268, Louis XI écrit aux échevins d’Artois, donc à ceux de Lens, que ses troupes qui participent à la huitième croisade ont besoin de renforts. Il leur demande d’aider Robert II à constituer une garnison. Lens lui offre d’importants moyens financiers et humains.

  L’édifice chrétien le plus imposant de Lens est la Collégiale Notre-Dame (4) dont l’église fut construite au 11ème siècle. Elle est habitée par 12 chanoines réunis en un ‘chapitre’ et qui suivent les règles de Saint Augustin. Elle abrite 18 chapelains. Son église à tour carrée, dédiée à la vierge Marie, est impressionnante par ses dimensions, elle est surnommé la ‘basilique de Lens’. Elle se trouve à l’emplacement actuel du rond-point Van Pelt.

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  Le chapitre de la Collégiale est chargé d’éduquer les enfants de la commune dans une école située près de l’église ; elle gère les trois paroisses de Lens : Notre-Dame, Saint Léger et Saint Laurent. Il soutient financièrement les ‘femmes pauvres en mal d’enfant’, les ‘pauvres alités‘ ou les lépreux.

   Le doyen du chapitre est le prévôt de Lens. Pendant la semaine qui suit la Pentecôte, il est le maître de la ville et peut tenir des audiences à l’hôtel de ville. Pendant cette semaine, tout brigand peut entrer en ville sans être inquiété à condition qu’il n’ai pas commis de crime de sang.

   Au 12ème siècle, Philippe-Auguste confirme la donation à la collégiale de Lens de 15 sols pour l’achat de vin et de pain de messe et le châtelain Jean 1er ajoute une rente annuelle de 10 livres afin qu’un cierge soit allumé jour et nuit devant la statue de la Vierge.

   La Collégiale possède de nombreuses reliques religieuses dont les cendres de Saint Vulgan. Elles sont exposées aux fidèles une fois par an.

   L’église de la paroisse Saint Léger (5) se situe au même endroit que celle d’aujourd’hui. Elle a été construite au 11ème siècle par les comtes de Boulogne et de Lens.

   L’église de la paroisse Saint Laurent (6) se trouve sur le chemin de La Bassée (au niveau de l’actuelle université Jean Perrin) et est entourée d’un grand cimetière. C’est au 11ème siècle qu’elle fut rattachée au chapitre de la Collégiale.

   En 1219, près de l’hôpital de la Cauchie, est construit un monastère (7) à l’initiative de la comtesse de Flandre Jeanne de Constantinople. Il abrite des ‘frères mineurs’ (ou ‘frères menus’), une confrérie créée par Saint Pacifique selon les règles de Saint François d’Assise. Ces franciscains ne possèdent pas de biens, ils vivent de leur travail souvent agricole ou d’aumônes et prêchent dans les villes en errant de cité en cité. C’est en ces lieux que serait décédé Saint Pacifique vers 1250. Pendant les guerres du 17ème siècle, ce couvent se réfugiera à l’intérieur des remparts et prendra le nom de ‘Couvent des Recollets’.

  Lens possède aussi un béguinage (8) qui abrite une communauté de femmes âgées ou isolées, à la fois religieuses et laïques. Marguerite d’Alsace, comtesse de Flandre, soutient financièrement le béguinage de Lens.

Les hôpitaux :

  L’hôpital de la Cauchie (9), terme utilisé pour désigner une chaussée, qui semble être le plus ancien hôpital de Lens se trouve sur le chemin d’Arras à Lille, à l’emplacement de l’actuel carrefour Bollaert. Il lui est adjoint une chapelle dédiée à Sainte Elisabeth. C’est donc de cette chapelle que provient certainement le nom de la fosse 1 et de la cité créée bien plus tard par la Société des Mines de Lens.

   La maladrerie (10), établie pour les lépreux, les pestiférés et les incurables est construite au tout début du 12ème siècle à l’emplacement de l’actuel parc d’activités des Moulins (cité 4) appelé alors le ‘Val Gheri’. Son éloignement des remparts de la ville est justifié par les risques de contagion. Lui est jointe la chapelle Saint Jacques et un cimetière.

  L’administrateur de la maladrerie est l’échevinage et le chapitre de la Collégiale exerce sa tutelle en matière religieuse. Le mobilier, les vêtements, les soins, les frais d’obsèques sont à la charge de l’échevinage qui lui alloue pour les vivres une somme mensuelle de 16 sous pour les hommes et de 9 sous et 4 deniers pour les femmes.

   Enfin, l’hôpital du Bourg (11), auprès duquel est implanté un cimetière, se situe à l’intérieur des remparts (aux environs de la rue de l’Hospice). Il est construit au début du 13ème siècle et financé par des dons des princes, comtes, châtelains ou autres nobles de la région. En 1698, la maladrerie et l’hôpital de la Cauchie seront fermés et les soins regroupés dans l’hôpital du bourg qui deviendra plus tard l’hospice de Lens.

La vie à Lens :

   Au 13ème siècle, Lens est une ville fortifiée d’à peine 2000 habitants. Les fortifications de Lens ont été élevées au 11ème siècle. Elles comportent 22 tours et deux portes munies de vantaux et de herses : la porte d’Arras ou porte du Bourg (12) et la porte de Douai ou porte Peskebeuf, mot qui peut être traduit par ‘cabane de pierre’(13).

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   Il est interdit de construire sur les remparts. Seul, le moulin à vent de Bekeriel existe au nord du château (14). Un autre moulin, à eau celui-ci, se trouve à l’extérieur de la ville sur la Souchez (15).

   C’est au nord de Lens que s’effectuent les exécutions des jugements, là où se trouve le gibet (16).

  Le château du souverain (2) se trouve à l’emplacement de l’actuelle place de la République. Il possède des murs en grès, six tours à créneaux et un grand donjon. Il est équipé de deux portes avec ponts levis, l’une sur la ville, l’autre sur la campagne, vers le chemin d’Arras.

   Lens possède des cressonnières (kersonière) au nord des remparts (17) dont les bassins étaient alimentés en eau par quatre fontaines (18), des pêcheries (peskeries) dans le fossé à l’est de Lens (19) et des élevages d’anguilles dans des viviers créés entre la Souchez et la Glissoire (20).

   Quatre écluses situées sur ces rivières et sur le fossé à l’est de la ville permettent de réguler le débit de l’eau (21). Un quai de chargement de bateaux existe à la jonction du fossé et des douves.

  Au sud de la ville, un emplacement, ‘les jardinas’’, est réservés aux archers (22). Le nom de l’actuelle rue des Jardins provient de cette époque.

  A l’intérieur des remparts, entre les habitations, on trouve quelques fermes où on élève volailles et bestiaux. Les marchands et artisans lensois se regroupent en associations appelées corporations qui dispose d’un statut organisant la profession et distingue trois catégories de membres : les maîtres, les compagnons et les apprentis. Parmi les artisans lensois, on trouve des cordeliers, des tanneurs, des brasseurs, des menuisiers etc.

   Il existe un ‘markiet as vakes’ (marché aux vaches) situé au nord du château et deux autres : le marché aux victuailles appelé ‘markiet au compenage’ sur la petite place entre l’église Saint Léger et l’hôtel de ville, et le ‘markiet a bos’ (bois) dans les environs de la Collégiale. Lens possède également un marché couvert, la halle échevinale. On y trouve en vente plusieurs jours par semaine draps, toiles, chaussures, grains, viande, poisson ou épicerie. Sur décision royale de Louis XI, aucun marchand ne peut, sous peine d’amende, vendre ou négocier sa marchandise à moins de deux lieues de la ville s’il ne l’a pas exposée auparavant pendant au moins trois jours sous la halle.

  Lens possède plusieurs ‘hostelleries’ : Celle de la Cauchie (près de l’hôpital du même nom) et deux autres à l’intérieur des remparts.

   Entre les remparts et l’église Saint Laurent s’est formé un petit hameau appelé ‘la Vizerie’ comprenant quelques habitations et quelques fermes.

  En 1226, est fondé une association ‘La confrérie des jeunes hommes à marier de Lens’ dirigée par un prévôt. Les jeunes lensois peuvent s’y inscrire moyennant une cotisation annuelle et s’engagent à verser une taxe dans la quinzaine suivant leur mariage.

   Déjà au 13ème siècle, l’impôt des lensois est payable en 3 fois : à la Saint Rémy (1er octobre), à Noël et à Pâques. Ils sont taxés sur leur habitation, sur ce qu’ils consomment et sur ce qu’ils vendent. A l’époque de la châtellenie, les alliés du comte d’Artois sont moins imposés que les partisans du roi. Les étals des marchés sont aussi imposés : une maille (un demi-denier, la maille était la plus petite valeur représentée matériellement) par emplacement.

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   L’histoire de Lens est loin d’être terminée ! En 1303, Lens fut de nouveau théâtre de sanglantes batailles ; l’armée flamande s’empare de la ville, la pille et l’incendie. Mais là, nous sommes déjà au 14ème siècle, ce sera donc pour un autre chapitre ……….

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Qui fut Marcelle Devred ?

   Marcelle Devred serait une jeune lensoise qui aurait été envoyée en déportation en 1914 où elle aurait subit la cruauté de ses geôliers allemands et été amputée d’une jambe à l’âge de 14 ans.

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   Après la guerre, elle devient chanteuse et entame une tournée dans toute la France. Elle interprète des airs de cette partition : ‘’Tour de France d’une petite martyre de guerre’’ parue aux éditions Dommel dans lesquels elle raconte en musique ses quatre années de captivité.

   Mais  il y a toujours eu des doutes sur la véracité de ses propos. Nulle part ailleurs, dans les écrits, dans les souvenirs de l’époque on ne trouve trace de ce drame. Aucune femme ou jeune fille de Lens n’a été déportée dès 1914. Selon les nombreux écrits de l’époque, seulement 300 civils du nord de la France choisis parmi les notables (hommes et femmes) n’ont été déportés en Allemagne qu’en novembre 1916. Après un accord signé entre les gouvernements français et allemand, ces otages sont rapatriés en 1917 en zone occupée.

   De plus, selon la page de couverture de cette partition, notre Marcelle serait née le 2 septembre 1902 à Lens. Or, dans les actes d’état civils de Lens du début du siècle, on ne trouve nulle part le nom de Devred (J’ai consulté les archives du Pas de Calais de 1898 à 1904).

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   Donc l’histoire d’une jeune femme incarcérée de 1914 à 1918 en Allemagne, martyrisée, volontairement amputée semble très peu vraisemblable.

   Cette partition est introuvable aujourd’hui. Je n’en ai trouvé que la couverture sur un site de ventes  en ligne.

   Étonnant pour un tel témoignage, non ?

   Alors récit véridique ou affabulation ? Le doute subsistera toujours.

1 Commentaire

A Lens, il y a 100 ans

   Il y a cent ans exactement, les lensois n’avaient certainement pas très envie de fêter la nouvelle année. Les bombardements incessants, les brimades des troupes allemandes, les difficultés de ravitaillement, les morts par dizaines ajoutés au temps glacial de ces premiers jours de janvier les obligeaient à vivre dans la peur, la faim et le froid.

   Alors, pour ne pas oublier ce qu’on vécu les lensois du début du 20ème siècle, voici une série de photographies de Lens aux alentours du 1er janvier 1916, il y a 100 ans …..

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Des troupes entières de prisonniers français sont emmenés vers l’arrière

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Le canal de Lens et les débris de péniches

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Les tranchées devant la fosse 11

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Les allemands installent une ‘grosse Bertha’ dans une usine

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Les habitations subissent les bombardements

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La rue de Lille

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La gare est inutilisable

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Des soldats allemands font constater les dégâts occasionnés par les bombardements français

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Les fanfares allemandes pavoisent dans les rues de Lens

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L’église Saint Léger

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Des soldats allemands dans les ruines d’une fosse

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L’église Saint Pierre de la cité 11

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Les carreaux de fosses sont abandonnés

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Ils seront finalement entièrement détruits

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La mairie en construction au début du conflit

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La rue Victor Hugo

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Des prisonniers français travaillent au déblaiement sous les ordres allemands

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Quand Duhoux défendait Lille ….

   Non, je ne suis pas devenu supporter du LOSC, je resterai à jamais Sang et Or. Mais un message de mon neveu Gilles m’apprend qu’il existe à Seclin, au sud de Lille, un édifice appelé ‘le fort Duhoux’. Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité. Qu’est ce que ce fort ? Pourquoi porte t-il mon patronyme ?

Le fort Duhoux :

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   C’est après la guerre de 1870 contre les prussiens que la France décide de renforcer ses systèmes de défense. Raymond Séré de Rivières, directeur du service du Génie au Ministère de la guerre, propose de construire une ligne fortifiée allant de Dunkerque à Nice ‘’en tenant compte des conditions de la guerre moderne’’ et qui doit à la fois empêcher une offensive ennemie et permettre le déplacement rapide des troupes par des redoutes reliant les forts entre eux.

   Sa proposition sera approuvée le 17 juillet 1874 et cette ligne de défense portera son nom.

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   Autour de Lille est créée une ceinture de six forts, dont un à Seclin. Ils sont placés à plusieurs kilomètres des villes pour mettre les citadins à l’abri des bombardements.

  On donne au fort de Seclin le nom de ‘Duhoux’. Sa construction nécessite 12000 hommes et est achevée en 1875 à l’emplacement d’un ancien camp gallo-romain. D’une surface de cinq hectares sur une emprise de 17 hectares, il est entouré d’un fossé large de 8 mètres. A demi enterré et symétrique, il est doté de nouveaux systèmes de défense et d’un pont escamotable.

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   Il comporte aussi une boulangerie et une infirmerie. Lors de sa construction, il peut loger un millier de soldats avec leurs chevaux.

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     Mais, en 1914, les défenses du fort sont déjà dépassées en comparaison de l’armement allemand et le fort ne peut se défendre contre l’invasion d’un régiment bavarois dès le début de la première guerre mondiale. Les allemands resteront tout le temps de la guerre avant d’être délogés par les troupes anglaises le 17 octobre 1918.

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   Au début des années 30, le fort, vide de toute activité militaire devient le refuge de … naturistes. Les adeptes de la nudité absolue s’y retrouvent pour pratiquer le sport à l’abri des regards indiscrets. Parmi eux, Christiane Lecocq qui créa la Fédération Française de Naturisme.

  Dès le début de la seconde guerre mondiale, le nord de la France est de nouveau occupé. Les Allemands reprennent possession du fort et le transforment en prison. De nombreux résistants y sonnt incarcérés, torturés et même fusillés. Ainsi, ces résistants du mouvement ‘La Voix Du Nord’ qui sont passés par les armes le 7 juin 1944 par les soldats du IIIème Reich.

  Ce réseau regroupait les différents groupes de résistance de la zone interdite et fit paraître 66 journaux clandestins dès 1941. Dans le cimetière d’Ascq se trouve un monument portant cette inscription : « A la mémoire des résistants du mouvement V. D. N. fusillés par les Allemands le 7 juin 1944 au fort de Seclin ».

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   A la Libération, le fort reste d’abord une prison et devient l’annexe de la prison de Loos-les-Lille. Cette fois, ce sont les collaborateurs qui y sont incarcérés. En 1965, l’Armée reprend possession du Fort Duhoux et l’utilise comme dépôt de munitions ou camps d’entraînement. L’activité dans ce site diminue peu à peu jusqu’à ce qu’il ne soit plus utilisé par les militaires au cours des années 80. En 1989, le fort n’est plus attaché au ministère des Armées et est laissé totalement à l’abandon, disparaissant sous la végétation, occupé par des marginaux qui dégradent les bâtiments lors de rave-parties.

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   Objet de différents entre l’Armée et la commune de Seclin, ce sont finalement des particuliers qui l’achètent en 1996 pour le restaurer. Il est alors aujourd’hui le seul exemple de fort de la défense de Lille encore en état.

   Depuis octobre 2003, ses propriétaires, la famille Boniface, y ont ouvert un centre historique sur l’artillerie, la cavalerie et l’infanterie de 1870 à 1920. Le Fort Duhoux abrite un musée consacré à la Grande Guerre et de nombreuses pièces d’artillerie avec une collection d’armes, de selles, de harnachements et de véhicules hippomobiles, ainsi que des souvenirs du général Deffontaines, premier général mort au combat en 1914. Des animations et reconstitutions historiques y ont lieu régulièrement.

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Charles Duhoux

   C’est donc le Général Charles Duhoux, de son vrai nom Charles François Duhoux d’Hauterive qui donna son nom au fort. Il est né le 13 août 1736 à Nancy. Sa carrière militaire débuta sous la royauté et se termina dans une armée républicaine.

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   Fils d’un lieutenant des gardes du duc de Lorraine, il s’engage le 1er février 1746 à l’âge de 10 ans aux milices de Lorraine créées par Louis XV. Après la dissolution de ces milices, il intègre le 21 novembre 1752 le régiment des volontaires royaux où il est nommé lieutenant en 1756 puis capitaine en 1761, année où il également fait chevalier de Saint-Louis. Il fait la campagne du Hanovre de 1757 à 1762 et est nommé capitaine le 23 mars 1763, il quitte alors l’armée en 1768.

  Il reprend du service dans les troupes royales après le sacre de Louis XVI en 1774. Il est alors lieutenant-colonel attaché à la légion de Lorraine, puis au corps des dragons. Après la Révolution Française, il jure loyauté à la République et est promu général de brigade en 1791 puis général de division.

   Le 20 avril 1792, l’Assemblée Législative et Louis XVI déclarent la guerre au «roi de Bohême et de Hongrie». En service à l’armée du Nord, il rejoint d’abord Reims puis prend le commandement des forces françaises à Lille lors du siège de cette ville en 1792. Le siège débute le 29 septembre ; la ville de Lille est bombardée, incendiée, 2000 maisons sont détruites. Mais, à bout de munitions et sous la pression des armées révolutionnaires. les autrichiens doivent lever le siège le 8 octobre.

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  Le 10 octobre 1792, accusé d’avoir abandonné avec ses hommes la ville de Reims, il est suspendu de ses fonctions pour connivence avec l’ennemi. Reconnu innocent et acquitté le 15 mars 1793, il est réhabilité.

   Détaché à l’armée révolutionnaire de l’Ouest chargée de combattre l’insurrection vendéenne, il est blessé deux fois en 1793 à Chemillé puis à Saumur.

   Le 20 septembre 1793, à la tête des forces républicaines, bien qu’à la tête de 25000 hommes, il est battu à la bataille du Pont-Barré, par les troupes vendéennes composées de 3000 soldats et dont un des généraux se nomme Pierre DUHOUX. Ce sera sa dernière bataille.

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   De nouveau soupçonné de trahison et d’avoir volontairement laissé la victoire à celui qu’on pensa être son propre neveu (alors qu’il n’est que le fils d’un de ses cousins), il démissionne le 30 septembre 1793 et retourne en Lorraine. Mais le Comité de Salut Public le fait arrêter à Nancy pour trahison. Le général Charles Duhoux est incarcéré à la prison de l’Abbaye à Paris.

  Il sera finalement libéré et mis à la retraite en avril 1795. Il mourra à Paris quatre années plus tard à l’âge de 63 ans non sans avoir fait de nouveau parlé de lui en devenant l’un des chefs des sections … royalistes dans l’insurrection du 5 octobre 1795.

  Pour sa victoire lors du siège de Lille de 1792, Charles François Duhoux d’Hauterive donnera donc son nom au Fort de Seclin.

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   A noter que son ennemi du Pont-Barré, Pierre Duhoux était retranché sur l’ile de Noirmoutier quand, le 3 janvier 1794, les troupes républicaines s’emparèrent de l’île. Fait prisonnier, il fut condamné à mort et fusillé le 7 janvier sur la place d’Armes de Noirmoutier en l’Ile. Avec lui, son beau-frère, le général d’Elbée qui, gravement blessé et ne pouvant se déplacer, fut fusillé dans son fauteuil.

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Les mines de Lens avant et après la première guerre

   Comme chacun sait, les puits de la société des mines de Lens furent totalement détruits lors de la première guerre mondiale. D’abord inondés par les Allemands dès leur arrivée en octobre 1914, ils durent subir les tirs d’obus et les premiers bombardements alliés par la suite. Avant leur retraite en 1917, les troupes allemandes entreprirent de n’en faire que des carcasses d’acier et de pierres.

   L’occasion aujourd’hui de revenir sur ce que furent les ‘fosses’ des mines de Lens avant et après la  Grande Guerre.

   L’exploitation de la fosse no 1 débuta en 1853, un an après la constitution de la société. Elle se trouvait alors à l’extérieur de la ville, dans le quartier Saint Laurent le long du Grand Chemin de Béthune à Lens. N’étant plus en service que pour les besoins du personnel et de l’aérage, elle a été fermée en 1971.

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   La fosse no 2 fut ouverte en 1858. Appelée aussi ‘le Grand Condé’, c’est le puits qui se trouvait le plus proche du centre ville. C’est pourquoi les habitants des corons qui l’entouraient furent surnommés par les autres mineurs ‘les fiers-culs’ ou ‘les bas de soie’. Le chevalet de la fosse 2 a été abattu en 1976.

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2 ap 2    La fosse 2 bis est plus récente puisqu’elle n’a été mis en service qu’en 1904. Elle disparut également du paysage lensois en 1976. Il y eut également une fosse 2ter sur le territoire de Loison-sous-Lens qui cessa d’être exploité en 1967.

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2bis ap   La fosse 3 des mines de Lens faillit se trouver à Eleu-dit-Lauwette. Son forage fut rapidement arrêté à la profondeur de 21 mètres suite à la découverte de vestiges archéologiques. Il ne fut jamais repris et à son emplacement a été construit après la première guerre le Centre de Secours des Mines.

   C’est donc au nord de Liévin en direction de Loos-en-Gohelle que l’on creusa la fosse 3 ‘Amé Tilloy‘ en 1860. Une vingtaine d’année plus tard lui fut adjointe la fosse 3bis dont le chevalet est toujours visible aujourd’hui. La fosse 3 restera à jamais le site de la dernière grande catastrophe minière de l’histoire du bassin du Nord-Pas-de-Calais le 27 décembre 1974.

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3 ap    La fosse  4 des mines de Lens a été creusée à partir de 1864 au sud de Lens en direction d’Arras. Elle portait comme particularité par rapport aux constructions antérieures d’avoir son système de descente enfermé dans un bâtiment. C’est dans ce puits que le 31 janvier 1986 des mineurs remontèrent pour la dernière fois sur le territoire de la ville de Lens.

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4 ap    La fosse 5 était sur la commune d’Avion. On pouvait voir dès 1876 son important bâtiment jugé à la pointe de la modernité à l’époque par Elie Reumaux. En 1898, la fosse 5 bis était ouverte à quelques mètres de là et servit toujours de fosse de service jusqu’en 1986. C’est en partie sur les friches ‘du 5’ que fut installé le parc de la Glissoire.

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5 ap   La fosse 6, située à Haisnes possédait la particularité d’être la seule à ne pas avoir été percée par la société des mines de Lens. Lors du début de son exploitation, en 1869, elle était l’unique fosse de la compagnie des mines de Douvrin rachetée en 1873 par celle de Lens.

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6 ap    Les fosses 7 et 7bis étaient jumelées comme des siamoises. Conçues en 1879 à Wingles, elles commencèrent à être exploitées 3 ans plus tard et ce jusqu’en 1960. Les deux beaux chevalets sont détruits en 1977.

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7 ap   Les fosses 8 et 8bis virent le jour en 1879 à Vendin-le-Vieil. Munies d’un seul chevalet avant la première guerre, elles eurent droit à deux différents lors de la reconstruction. Comme pour la fosse 3 à Liévin, l’un des chevalets était en acier, l’autre en béton pour l’aérage.  Dès 1958, on ne remontait plus de charbon de la fosse 8 dont les installations disparurent en 1974.

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8 ap     La fosse 9, bien que née en 1886 et détruite en 1983, est certainement aujourd’hui la plus célèbre sur le territoire de la ville de Lens. C’est en effet sur son carreau que l’on trouve aujourd’hui le Louvre-Lens.

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9 ap   Retour à Vendin-le-Vieil pour trouver la fosse 10. Cependant, il fallait avoir le nez fin pour la remarquer. En effet, elle se trouvait parmi les installations de la centrale électrique des mines de Lens. Elle fut la première à cesser son activité dès 1946 mais continua à servir de puits d’aérage jusqu’en 1958. Elle disparut lors de la destruction totale des installations de la centrale vers 1980.

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   La fosse 11 : son accès était sur Lens mais son carreau sur Loos-en-Gohelle. Exploitée dès 1894, elle eut l’honneur de recevoir la visite du président de la République Félix Faure en 1898 dont la descente dans les galeries fut largement rapportée par la presse de l’époque. Accompagnée du puits 19 depuis 1955, le carreau de la fosse 11, bien que fermé en 1986, est aujourd’hui l’une des vitrines du Bassin minier Nord-Pas de Calais inscrit depuis juin 2012 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

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11 ap   Autre puits particulier : celui de la fosse 11bis. Creusé en 1907 à Liévin, il n’a jamais remonté une seule gaillette de charbon ! En effet, il a toujours servi pour l’aérage pour les fosses 11 (située à 875 mètres) et 3 (éloignée de plus de 1300 mètres).

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11 bis ap   La fosse 12 est aussi particulière : alors que le puits et les installations se trouvent sur le territoire de Loos-en-Gohelle, la cité minière qui en dépend avec ses corons, ses écoles, son église, son dispensaire sont dans le périmètre lensois. Exploitée à partir de 1er janvier 1894, son puits est remblayé en 1980 et le chevalet abattu un an plus tard.

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12 ap    Le chevalet de la fosse 12bis était visible depuis le porche de l’église Saint Edouard. Situé route de Béthune, près du centre de formation des mines de Lens, il fut percé vers 1905 pour servir d’aérage à al fosse 12 jusqu’en 1976. Les installations furent détruites en 1984 pour laisser place à une zone industrielle.

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12bis ap   Le forage de la fosse 13 a débuté en 1906 à Hulluch. Elle porte le nom d’Elie Reumaux ancien agent général puis président du conseil d’administration de la compagnie minière lensoise. Devenue un puits de service pour la fosse 18, elle ferma en même temps que celle-ci en 1976 et le chevalet fut détruit en 1983.

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13 ap   Les installations de la fosse 13bis sont toujours visibles à Bénifontaine au chemin du Pont d’Avison. Elles ont été inscrites aux monuments historiques le 23 octobre 2009. Comme le 11bis, le 13bis n’a toujours servi qu’à l’aérage ; d’abord pour la fosse 13 puis pour la fosse 18 jusqu’en 1958. (Aucune photo de la fosse 13 bis en activité).

13bis   La fosse 14 est située sur la route de La Bassée au nord-ouest de Lens. Creusée à partir de 1906, la fosse 14 remonta ses premières gaillettes un an plus tard. Dès 1938, elle cessait d’être exploitée pour n’être utilisée qu’au service du personnel et ce, jusqu’ en 1967. C’est avec tristesse que d’anciens mineurs de la cité regardèrent le dynamitage du puits en 1974.

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14 ap   Le 14bis est aussi à Loos-en-Gohelle, visible de la route de La Bassée. Son forage débuta également en 1906 car elle servait à l’aérage de la fosse 14 jusqu’en 1962. A part son chevalet détruit comme la plupart, les installations sont toujours visibles aujourd’hui.

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14bis ap   Les fosses 15 et 15bis de Loos-en-Gohelle sont entrées dans l’histoire de la première guerre mondiale en mai 1915. Une invasion anglaise avait permis de reprendre le secteur dit ‘côte 70’ aux allemands mais l’avance fut repoussée quelques jours plus tard. Les anglais surnommaient la structure «Tower Bridge» en raison de sa ressemblance avec le célèbre pont de Londres. Ses deux chevalements jumeaux, hauts de 75 mètres, sont uniques dans le bassin minier. Le puits 15 est remblayé en 1962 mais le 15bis continua d’assurer l’entrée d’air pour le 12 puis pour le 19 jusqu’en 1972. Les installations furent détruites en 1976.

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15 ap   La fosse 16, aussi sur Loos-en-Gohelle, n’était exploitée que depuis  2 ans lorsque la première guerre mondiale éclata. On lui donna le nom d’Albert Motte, l’un des présidents du conseil d’administration de la compagnie. Mise en servie en 1912, la fosse 16 cessa son activité en 1958. Le puits fut remblayé en 1961.

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16 ap    Les deux autres fosses lensoises ont été construites par les HBNPC après la nationalisation de 1946.

   La fosse 18 – 18bis fut un grand siège de concentration dès son ouverture en 1954 à Hulluch. Elle était composée de deux puits dont, cas particulier dans la région, les molettes se trouvaient sur le même chevalet. La fosse no 18 – 18bis cessa d’extraire en 1976 et ses puits furent remblayés en 1978. Quelques bâtiments, le château d’eau et une reproduction du chevalet sont encore visibles aujourd’hui.

18 ap   Enfin, la fosse 19, siège de concentration, fut construite en 1954 et commenca à extraire en 1960. Elle ne possédait pas de chevalet mais une tour en béton haute de 66 mètres. Elle fut la dernière des mines de Lens à fermer le 31 janvier 1986. Le lavoir et le triage ont été détruits mais la majorité des installations furent conservée et rénovée pour en faire aujourd’hui l’un des sites majeurs du bassin minier.

19 ap   Il semble que la fosse 17 des mines de Lens n’ait jamais existé. Est-ce que, parmi les abonnées à ce blog, quelqu’un pourrait nous en donner l’explication ?

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La grande histoire du Monument Canadien de Vimy

   Aujourd’hui, nous quittons Lens. Oh ! Rassurez vous, nous n’allons pas loin : quelques kilomètres en direction d’Arras et nous ne pouvons rater sur notre droite cette construction originale composée de deux grandes colonnes.

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   Alors, profitons de ce magnifique site pour revenir sur la grande histoire du Monument Canadien de Vimy.

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   Lors de la première guerre mondiale, les troupes canadiennes arrivent en Europe dès décembre 1914 et servent dans le nord de la France et en Belgique. Elles participent notamment à la seconde bataille d’Ypres d’avril 1915 et à la bataille de la Somme d’avril-mai 1916. Du 9 au 12 avril 1917, après deux tentatives infructueuses des Alliés, les quatre divisions canadiennes, réunies pour la première fois au combat, réussirent à s’emparer de la crête de Vimy, une position densément fortifiée par les Allemands à 145 m d’altitude.

MC002     Avant même la fin de la guerre, les militaires canadiens ont érigé sur les sites de bataille des monuments à la mémoire des disparus. Le Monument commémoratif de l’Artillerie canadienne en est un exemple. Construit pendant l’hiver 1917-1918 et inauguré par le général Byng au printemps 1918, il se trouve au carrefour Les Tilleuls à Thélus.

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   L’idée du gouvernement canadien était que les monuments commémoratifs érigés sur des champs de bataille ne servent pas glorifier la guerre, mais plutôt exprimer le deuil et rendre hommage aux disparus qui avaient donné leur vie pour les vivants. Le nombre de morts canadiens durant la première guerre mondiale est de 60 000 parmi les 625 000 soldats. Environ 7 000 d’entre eux sont enterrés dans une trentaine de cimetières militaires situés dans le Pas-de-Calais.

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   Dès le mois de mai 1917, la commission impériale des sépultures de guerre (CISG) est créée et a pour but d’enterrer dignement les soldats morts au combat dans des cimetières permanents. Elle est aussi chargée de prévoir la façon dont on pourrait commémorer les morts et les disparus. Réunie à Londres en 1918, elle approuve la construction de cinq mémoriaux ouverts au public.

   En 1920, la “Canada Batlefields Memorial Commission” (Comité des monuments commémoratifs canadiens érigés sur des champs de bataille) organise un concours pour désigner les monuments canadiens qui seront érigés sur les différents sites des combats.

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   En octobre 1921, la CBMC adopte pour l’un de ces sites le projet de Walter Allward qui inclue vingt personnages symboliques associés à la guerre. Ceux-ci sont intégrés à un socle massif en pierre surmonté de deux immenses piliers représentant le Canada et la France. Son projet est présenté sous forme d’une maquette de plâtre.

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   En 1922, le gouvernement français octroie au Canada le libre usage à perpétuité d’une parcelle d’un hectare 71 située sur le terrain massacré des champs de bataille entre les communes de Vimy et de Givenchy-en-Gohelle. La CBMC décide que la crête de Vimy appelée aussi  ‘cote 145’ recevrait le monument d’Allward.

   La somme de 1,5 million de dollars investie dans cette construction est obtenue en grande partie par une souscription ouverte au Canada. La “Canada Batlefields Memorial Commission” a utilisé l’excédent de la souscription à la construction du temple protestant de la rue Victor Hugo à Lens.

   Le site de Vimy est le point culminant des collines de l’Artois et offre des vues imprenables sur le bassin minier dans un rayon de 35 kilomètres. Le monument est entouré aujourd’hui d’un parc de 110 hectares constitué d’une multitude d’arbres et d’arbustes importés du Canada et plantés chacun par un de ses ressortissants.

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   Selon bon nombre de gens, le monument commémoratif du Canada à Vimy est l’œuvre la plus remarquable de Walter Allward. Il y a consacré 14 ans de sa vie.

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   Au moment où il remporte le concours, Allward est un sculpteur déjà bien connu pour ses mémoriaux. Né à Toronto en 1875, il a suivi des cours de sculpture à la New Technical School de cette ville entre 1891 et 1893 et loué son premier atelier en 1894. En 1910, il sculpte le monument commémorant la participation du Canada à la guerre en Afrique du Sud. Il sculpte aussi des bustes et des statues de Canadiens célèbres comme celui de Brantford en l’honneur de Graham Bell, l’inventeur du téléphone.

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   En 1925, les travaux commencent. Peu à peu, à la pioche et à la pelle, le terrain est creusé, nettoyé des débris de la guerre et aplani. Il a fallu trois ans pour uniquement creuser les fondations et construire la plate-forme.

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   Allward  confectionne au Canada des statues de plâtre de taille réelle à l’aide de moules qu’il a lui-même créés. Il retouche ensuite les statues à la main.

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   Les œuvres de plâtre sont ensuite expédiées à Vimy pour être reproduites en pierre par des artisans locaux. De vastes hangars sont construits pour abriter les tailleurs de pierre et les sculpteurs.

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Sympathy of Canadians for the Helpless, Finishing touches, Octob

   II faudra onze mille tonnes de béton et de maçonnerie pour ériger la base du monument et cinq mille cinq cents tonnes de pierre, importée de l’île de Brač en Croatie, pour les pylônes et les sculptures.

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   Les blocs de pierre sont apportés sur le site par une ligne de chemin de fer à voie étroite dont une partie servit à l’approvisionnement des troupes en munitions pendant la guerre. Les wagonnets sont tirés par des chevaux.

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   Une fois taillés, les blocs sont hissés afin de confectionner les deux colonnes à l’aide de grues également conçues sur-place.

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   Quand les deux pylônes sont en place, ils sont enfermés dans un abri provisoire afin de protéger les sculpteurs travaillant en hauteur.

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   Ces deux pylônes représentent le Canada et la France et culminent 40 mètres au-dessus de la base du monument. Ils pèsent près de 6 000 tonnes et le socle plus de 10 000. La figure la plus élevée – l’allégorie de la paix – domine la plaine de Lens d’environ 140 mètres.

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   Sur le devant du monument, la statue d’une femme voilée, tournée vers l’est, vers l’aube d’un nouveau jour représente la jeune nation canadienne pleurant ses enfants tombés au combat.

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   Les sculptures au sommet des piliers représentent les vertus universelles que sont la foi, la justice, la paix, l’honneur, la charité, la vérité, la connaissance et l’espoir. Sur la face ouest du mémorial sont sculptées les figures d’un homme et d’une femme représentant les parents des soldats tombés.

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   Sur chacune des faces du monument ont été gravés au burin les noms des victimes des combats, 11 285 jeunes canadiens qui ont laissé leur vie en France lors des combats du 9 au 12 avril 1917.

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   Sur son socle, sont gravés dans la pierre, en français et en anglais, les mots suivants :
‘’À LA VAILLANCE DE SES FILS PENDANT LA GRANDE GUERRE, ET EN MÉMOIRE DE SES SOIXANTE  MILLE MORTS, LE PEUPLE CANADIEN A ÉLEVÉ CE MONUMENT’’.

   Le 26 juillet 1936 à 14 h 15, le monument est inauguré et la figure représentant le Canada dévoilée par le roi du Royaume Uni Édouard VIII en présence du président français Albert Lebrun et du ministre canadien de la Justice Ernest Lapointe. Une foule compacte de Canadiens, de Français et de Britanniques estimée à près de 100 000 personnes s’est rassemblée autour du mémorial.

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   Une fanfare militaire française et des gardes de la cavalerie algérienne, les spahis, montés sur des chevaux blancs, prennent position en face de la Garde royale canadienne de part et d’autre de la large allée qui mène les dignitaires à la terrasse sur laquelle est érigé le monument.

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   Parmi les milliers de gens rassemblés pour l’événement, plus de 3 000 anciens combattants venus en pèlerinage organisé par la Légion canadienne occupent fièrement la place d’honneur dans l’amphithéâtre, sous le regard des membres de leur famille installés sur les pentes.

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   A l’arrivée d’Edouard VIII, la Garde Royale Canadienne exécute le salut royal, et la musique entonne le ‘God Save the King’ puis le ‘Ô Canada’ pendant que le roi passe en revue les militaires avant de descendre vers le tombeau.

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   Le roi accueille ensuite le président Lebrun alors que les fanfares entament La Marseillaise.

Chacun prononce alors un discours radiodiffusé dans le monde entier et dans lequel ils appellent à la paix dans le monde.

Après son discours, Edouard VIII procède au dévoilement du monument, tandis que les troupes se mettent au garde-à-vous. La sonnerie aux morts se fait alors entendre et est aussitôt suivie d’un moment de silence.

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   Deux escadrons de l’Aviation royale du Canada survolent alors le monument à basse altitude dans un bruit assourdissant, les pilotes saluent les autorités par quelques figures acrobatiques.

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   Après le départ des autorités, la cérémonie doit se terminer par des remises de gerbes au pied du monument devant les troupes au garde à vous. Mais la foule est si dense que les soldats peinent à rester immobiles tant ils sont écrasés par les spectateurs et la manifestation doit être écourtée.

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    Lors de la deuxième guerre mondiale, le mémorial est conservé malgré les craintes que les allemands ne le détruisent. Il reçoit même la visite du feld-maréchal Erwin Rommel puis celle d’Adolf Hitler, Hermann Göring et des membres du siège social du parti nazi le 2 juin 1940.

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   A proximité du monument, des tranchées reconstituées ainsi qu’une partie des souterrains ayant servi lors de la bataille peuvent être maintenant visités. Les vestiges de tranchées et les cratères laissés par les obus rappellent la violence exceptionnelle des combats.

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   En face du mémorial, une stèle a été élevée à la mémoire des morts de la division marocaine qui avait pris une première fois la crête en mai 1915 mais avait dû ensuite se replier, faute de renforts.

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   Ayant fait l’objet d’une importante restauration à partir de 2004, le mémorial est inauguré de nouveau en avril 2007, au cours d’une cérémonie marquant le 90e anniversaire de la bataille de Vimy. La reine Elisabeth II, le Premier ministre canadien Stephen Harper et son homologue français Dominique de Villepin participent à cette manifestation.

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            Un homme aurait pu participer à cette commémoration : le dernier survivant de la bataille d’avril 1917, John Babcock. Il est mort en février 2010 à l’âge de 109 ans.

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   Le mémorial de Vimy est l’un des deux seuls sites historiques situés à l’extérieur du territoire canadien à être reconnus par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Il figure depuis 2012 sur les billets de banque de 20 dollars.

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   Les œuvres originales en plâtre confectionnées par Walter Allward sont aujourd’hui exposées au musée canadien de la guerre, salle de la Régénération à Ottawa, la capitale du Canada.

  Aujourd’hui encore, des jeunes Canadiens viennent régulièrement passer l’été dans le Pas-de-Calais pour servir de guides sur le mémorial.

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Il y a 100 ans à Lens

1915 : il y a 100 ans, Lens était allemand et ce, depuis octobre 1914. Un rappel en 50 images de ce qu’était Lens cette année là.

La présence des troupes allemandes dans la ville ….

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Les officiers réquisitionnent les plus belles demeures….

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Et les hommes de troupe au haras du notaire Tacquet

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Chaque jour, des concerts dans les rues de Lens….

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… et des pillages

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L’occupation des carreaux de fosses avant leur destruction

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Installation d’artilleries dans les quartiers et en ville

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La création d’un cimetière militaire route de Douai ….

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Où les morts sont amenés par dizaines chaque jour ….

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Puis vinrent les premiers bombardements de la ville

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… et dans les cités minières

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Où des soldats allemands posent fièrement avec un obus anglais

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Tandis que la guerre fait rage aux portes de la ville ….

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on assiste au triste passage en ville de prisonniers français

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En fin d’année 1915, Lens est une ville déjà bien abimée

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Et c’est malheureusement loin d’être fini !

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La fosse 15 des mines de Lens, un puits chargé d’histoires

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   La fosse no 15 de la Société des Mines de Lens ne se situe pas à Lens mais sur le territoire de Loos-en-Gohelle, un bourg au nord de Lens. La fosse est appelée fosse Saint-Maurice en l’honneur de Maurice Tilloy, un des administrateurs fondateurs  de la Compagnie.

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   C’est donc près du village de Loos (qui ne s’appellera Loos-en-Gohelle qu’en 1937) que commence le forage du puits 15 en 1905 et les premiers mineurs descendent dans les galeries deux ans plus tard. Cas unique dans la société, la fosse 15 est composée de deux puits et donc de deux chevalets. L’un de ces puits atteint 297 mètres de profondeur et l’autre 527 mètres. Elle est d’ailleurs officiellement appelée fosse 15-15 bis. À l’époque, c’est la plus moderne de toutes les fosses des compagnies minières du Nord et du Pas-de-Calais.

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   Les installations au sol sont construites sur une butte de remblai d’une hauteur de 22 mètres. Elle est reliée à la fosse 12 par une voie ferrée.

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   Au pied des chevalets est construite une cité avec les célèbres corons entourés de jardins bien entretenus.

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   Durant la première guerre mondiale, la fosse 15 se situe en plein sur la ligne de front, près de la célèbre côte 70. C’est à ses pieds qu’a lieu la ‘bataille de Loos’ en septembre 1915. Point de repère des soldats britanniques, ils surnomment la structure «Tower Bridge» en raison de sa ressemblance avec le célèbre pont de Londres.

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   La bataille de Loos constitue le volet britannique de la grande attaque alliée en Artois lancée par le général Joffre (qui ne sera maréchal que l’année suivante) simultanément avec l’offensive française principale en Champagne.

   C’est le général John French (qui s’est déjà fait remarquer pour avoir refusé de collaborer avec les troupes françaises) qui commande les troupes britanniques.

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   Le 25 septembre, les anglais font une percée dans les défenses allemandes bien que les bombardements qui devaient amoindrir les troupes allemandes aient été de faible intensité à cause d’une insuffisance de l’approvisionnement en obus.

   Six divisions participent au combat. Avant l’assaut d’infanterie, les Britanniques envoient  140 tonnes de gaz au chlore (plus connu sous le nom de gaz moutarde) en complément d’un barrage d’artillerie jugé insuffisant. C’est la première fois qu’ils utilisent cette arme chimique. Mais le vent tourne et renvoie les gaz vers les tranchées anglaises : il n’y a que sept morts mais plus de 2 600 hommes ont été touchés et mis hors de combat. Les Allemands ne compteront que 600 hommes ‘gazés’.

   75 000 fantassins britanniques s’élancent des tranchées. Une gamine de Loos, Émilienne Moreau, âgée de 17 ans, va à leur rencontre et leur donne des informations sur les positions ennemies leur permettant de les prendre à revers et de reprendre Loos. On lui donnera le surnom d’héroïne de la fosse 15 ou d’héroïne de Loos.

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   Les combats ont lieu au corps à corps dans les rues de Loos. Calfeutrés dans leur cave, les Loossois apprennent que les alliés ont remporté le village, le terril et les puits de la fosse 15.

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   Cependant la progression doit être stoppée, faute de munitions et en raison de l’arrivée tardive des renforts. Les allemands reçoivent les leurs et reprennent dès le lendemain la côte 70. Les anglais ne pourront pas entrer dans Lens lors de cette bataille et le 28 septembre devront même se replier sur leurs positions initiales, comptant dans leurs rangs au moins 15 800 morts et 34 580 blessés.

   Loos en Gohelle continuera à subir les conséquences de ce conflit. En 1916, le village est quasiment rasé. Il ne sera libéré qu’en août 1917 par l’armée canadienne.

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   De ces conflits, il reste aujourd’hui à Loos en Gohelle deux cimetières militaires. L’un, appelé ‘Loos British Cemetery’ a été ouvert par les corps canadien en avril 1917. 2850 soldats, en majorité des britanniques tués lors de la bataille de Loos, y reposent aujourd’hui.

   L’autre, le cimetière du Dud Corner rassemble environ 1 800 soldats tombés lors de la bataille de Loos. Autour du cimetière, un mémorial rend hommage aux 20 000 combattants disparus lors de cette même bataille.

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   Après cette bataille, les allemands ont eu le temps d’anéantir la fosse 15 comme les autres puits de la compagnie. Les galeries sont inondées, les berlines jetées dans les puits, les échelles et les guides des cages sont arrachés et les chevalets détruits.

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   La fosse est reconstruite dès la fin du conflit. Ses chevalets métalliques sont érigés dans le style particulier des mines de Lens d’après-guerre. Les mineurs peuvent de nouveau descendre au fond dès 1922.

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  Le 1er octobre 1937, la fosse 15 est rattachée à la fosse no 12 et cesse d’extraire. Elle n’assure plus que le service du personnel et l’aérage. Pourtant, bien après la seconde guerre, la fosse 15 et son «Tower Bridge» font toujours partie du paysage de Loos-en-Gohelle….

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… à tel point qu’ils figurent en bonne place sur les cartes postales de l’époque.

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   Après la seconde guerre mondiale, des prisonniers allemands sont affectés au fond comme mineurs. Le 21 décembre 1945, l’ingénieur Augustin Viseux et un porion ramènent 3 trois rescapés d’une taille qui s’est effondrée à 432 mètres à la fosse 15. Le bilan est lourd,  9 ouvriers prisonniers allemands ont été écrasés par l’éboulement de cette taille.

   Le puits 15 ferme définitivement en 1959 et est comblé en 1962, le puits 15 bis ne l’est que dix ans plus tard, il a entretemps servi à l’entrée d’air pour la fosse 12 puis pour la fosse 11/19. Pendant plusieurs années, les installations sont laissées à l’abandon et le site devient vite une triste friche industrielle.

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   Les installations de surface, dont les chevalements, sont détruites en 1976.

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  L’histoire de la fosse 15 se termine ainsi. Le site minier a laissé place à de nombreux équipements pour la ville : parc, collège, école, salle des fêtes. Les logements miniers ont laissé place à un habitat locatif individuel.

   Aujourd’hui, de ces puits, il ne reste que des sépultures en lieu et place de l’entrée des galeries.

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   Mais la fosse 15 des mines de Lens continuera à exister grâce au travail formidable de l’artiste Claude Dryburgh, lui-même ancien mineur qui en a réalisé une maquette faite d’allumettes.

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