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Quand Duhoux défendait Lille ….

   Non, je ne suis pas devenu supporter du LOSC, je resterai à jamais Sang et Or. Mais un message de mon neveu Gilles m’apprend qu’il existe à Seclin, au sud de Lille, un édifice appelé ‘le fort Duhoux’. Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité. Qu’est ce que ce fort ? Pourquoi porte t-il mon patronyme ?

Le fort Duhoux :

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   C’est après la guerre de 1870 contre les prussiens que la France décide de renforcer ses systèmes de défense. Raymond Séré de Rivières, directeur du service du Génie au Ministère de la guerre, propose de construire une ligne fortifiée allant de Dunkerque à Nice ‘’en tenant compte des conditions de la guerre moderne’’ et qui doit à la fois empêcher une offensive ennemie et permettre le déplacement rapide des troupes par des redoutes reliant les forts entre eux.

   Sa proposition sera approuvée le 17 juillet 1874 et cette ligne de défense portera son nom.

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   Autour de Lille est créée une ceinture de six forts, dont un à Seclin. Ils sont placés à plusieurs kilomètres des villes pour mettre les citadins à l’abri des bombardements.

  On donne au fort de Seclin le nom de ‘Duhoux’. Sa construction nécessite 12000 hommes et est achevée en 1875 à l’emplacement d’un ancien camp gallo-romain. D’une surface de cinq hectares sur une emprise de 17 hectares, il est entouré d’un fossé large de 8 mètres. A demi enterré et symétrique, il est doté de nouveaux systèmes de défense et d’un pont escamotable.

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   Il comporte aussi une boulangerie et une infirmerie. Lors de sa construction, il peut loger un millier de soldats avec leurs chevaux.

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     Mais, en 1914, les défenses du fort sont déjà dépassées en comparaison de l’armement allemand et le fort ne peut se défendre contre l’invasion d’un régiment bavarois dès le début de la première guerre mondiale. Les allemands resteront tout le temps de la guerre avant d’être délogés par les troupes anglaises le 17 octobre 1918.

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   Au début des années 30, le fort, vide de toute activité militaire devient le refuge de … naturistes. Les adeptes de la nudité absolue s’y retrouvent pour pratiquer le sport à l’abri des regards indiscrets. Parmi eux, Christiane Lecocq qui créa la Fédération Française de Naturisme.

  Dès le début de la seconde guerre mondiale, le nord de la France est de nouveau occupé. Les Allemands reprennent possession du fort et le transforment en prison. De nombreux résistants y sonnt incarcérés, torturés et même fusillés. Ainsi, ces résistants du mouvement ‘La Voix Du Nord’ qui sont passés par les armes le 7 juin 1944 par les soldats du IIIème Reich.

  Ce réseau regroupait les différents groupes de résistance de la zone interdite et fit paraître 66 journaux clandestins dès 1941. Dans le cimetière d’Ascq se trouve un monument portant cette inscription : « A la mémoire des résistants du mouvement V. D. N. fusillés par les Allemands le 7 juin 1944 au fort de Seclin ».

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   A la Libération, le fort reste d’abord une prison et devient l’annexe de la prison de Loos-les-Lille. Cette fois, ce sont les collaborateurs qui y sont incarcérés. En 1965, l’Armée reprend possession du Fort Duhoux et l’utilise comme dépôt de munitions ou camps d’entraînement. L’activité dans ce site diminue peu à peu jusqu’à ce qu’il ne soit plus utilisé par les militaires au cours des années 80. En 1989, le fort n’est plus attaché au ministère des Armées et est laissé totalement à l’abandon, disparaissant sous la végétation, occupé par des marginaux qui dégradent les bâtiments lors de rave-parties.

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   Objet de différents entre l’Armée et la commune de Seclin, ce sont finalement des particuliers qui l’achètent en 1996 pour le restaurer. Il est alors aujourd’hui le seul exemple de fort de la défense de Lille encore en état.

   Depuis octobre 2003, ses propriétaires, la famille Boniface, y ont ouvert un centre historique sur l’artillerie, la cavalerie et l’infanterie de 1870 à 1920. Le Fort Duhoux abrite un musée consacré à la Grande Guerre et de nombreuses pièces d’artillerie avec une collection d’armes, de selles, de harnachements et de véhicules hippomobiles, ainsi que des souvenirs du général Deffontaines, premier général mort au combat en 1914. Des animations et reconstitutions historiques y ont lieu régulièrement.

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Charles Duhoux

   C’est donc le Général Charles Duhoux, de son vrai nom Charles François Duhoux d’Hauterive qui donna son nom au fort. Il est né le 13 août 1736 à Nancy. Sa carrière militaire débuta sous la royauté et se termina dans une armée républicaine.

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   Fils d’un lieutenant des gardes du duc de Lorraine, il s’engage le 1er février 1746 à l’âge de 10 ans aux milices de Lorraine créées par Louis XV. Après la dissolution de ces milices, il intègre le 21 novembre 1752 le régiment des volontaires royaux où il est nommé lieutenant en 1756 puis capitaine en 1761, année où il également fait chevalier de Saint-Louis. Il fait la campagne du Hanovre de 1757 à 1762 et est nommé capitaine le 23 mars 1763, il quitte alors l’armée en 1768.

  Il reprend du service dans les troupes royales après le sacre de Louis XVI en 1774. Il est alors lieutenant-colonel attaché à la légion de Lorraine, puis au corps des dragons. Après la Révolution Française, il jure loyauté à la République et est promu général de brigade en 1791 puis général de division.

   Le 20 avril 1792, l’Assemblée Législative et Louis XVI déclarent la guerre au «roi de Bohême et de Hongrie». En service à l’armée du Nord, il rejoint d’abord Reims puis prend le commandement des forces françaises à Lille lors du siège de cette ville en 1792. Le siège débute le 29 septembre ; la ville de Lille est bombardée, incendiée, 2000 maisons sont détruites. Mais, à bout de munitions et sous la pression des armées révolutionnaires. les autrichiens doivent lever le siège le 8 octobre.

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  Le 10 octobre 1792, accusé d’avoir abandonné avec ses hommes la ville de Reims, il est suspendu de ses fonctions pour connivence avec l’ennemi. Reconnu innocent et acquitté le 15 mars 1793, il est réhabilité.

   Détaché à l’armée révolutionnaire de l’Ouest chargée de combattre l’insurrection vendéenne, il est blessé deux fois en 1793 à Chemillé puis à Saumur.

   Le 20 septembre 1793, à la tête des forces républicaines, bien qu’à la tête de 25000 hommes, il est battu à la bataille du Pont-Barré, par les troupes vendéennes composées de 3000 soldats et dont un des généraux se nomme Pierre DUHOUX. Ce sera sa dernière bataille.

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   De nouveau soupçonné de trahison et d’avoir volontairement laissé la victoire à celui qu’on pensa être son propre neveu (alors qu’il n’est que le fils d’un de ses cousins), il démissionne le 30 septembre 1793 et retourne en Lorraine. Mais le Comité de Salut Public le fait arrêter à Nancy pour trahison. Le général Charles Duhoux est incarcéré à la prison de l’Abbaye à Paris.

  Il sera finalement libéré et mis à la retraite en avril 1795. Il mourra à Paris quatre années plus tard à l’âge de 63 ans non sans avoir fait de nouveau parlé de lui en devenant l’un des chefs des sections … royalistes dans l’insurrection du 5 octobre 1795.

  Pour sa victoire lors du siège de Lille de 1792, Charles François Duhoux d’Hauterive donnera donc son nom au Fort de Seclin.

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   A noter que son ennemi du Pont-Barré, Pierre Duhoux était retranché sur l’ile de Noirmoutier quand, le 3 janvier 1794, les troupes républicaines s’emparèrent de l’île. Fait prisonnier, il fut condamné à mort et fusillé le 7 janvier sur la place d’Armes de Noirmoutier en l’Ile. Avec lui, son beau-frère, le général d’Elbée qui, gravement blessé et ne pouvant se déplacer, fut fusillé dans son fauteuil.

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